124 personnes sont impliquées dans cette affaire, dont 4 sont en détention préventive. Le dossier d'instruction de l'affaire Khalifa, examiné lundi dernier par la chambre d'accusation de la cour de Blida, connaîtra aujourd'hui les délibérations sur les poursuites à engager à l'encontre des principaux accusés au nombre de 124 personnes. Le fait marquant est que ces délibérations interviennent dans un contexte particulier après la publication dans un quotidien en langue arabe du rapport détaillé de l'instruction, fait un peu unique dans les annales de la justice. Cela a posé d'énormes interrogations, notamment de la part des officiels en s'apparentant à un scandale dans le scandale. S'agit-il d'un fait singulier de presse à la recherche de scoop ou d'une vraie fuite organisée dans le but évident d'agir sur la décision de justice positivement ou négativement? Ailleurs où il y a des traditions, ces fuites sont généralement en dehors de leur cachet d'orientation de l'outil information, payantes au prix fort en faisant fortune pour les auteurs de la fuite. Ici, sont-elles gratuites uniquement dans le but d'informer ou obéissent-elles à des règlements de comptes terribles? Toujours est-il que, s'agissant d'une des plus grandes affaires judiciaires, l'événement est de taille puisqu'il touche directement ou indirectement nombre de personnes dans leur dignité avant même qu'elles ne soient accusées. Le fait est tellement important que le premier à avoir réagi est bien sûr le ministre de la Justice, garde des Sceaux qui a annoncé l'ouverture d'une enquête approfondie à ce sujet pour déterminer les véritables auteurs de cette fuite. Par ailleurs, peut-on se demander pourquoi deux poids deux mesures. A Blida par exemple, ces fuites comme dans l'affaire de l'ex-wali Bouricha et celles du foncier qui ont engagé des dizaines d'industriels, étaient monnaie courante sans aucune réaction de la part d'officiels. Est-ce parce qu'on a cité des noms appartenant à des milieux privilégiés qu'il y a de promptes réactions? Une chose est cependant sûre, la publication du rapport en entier de l'instruction avec points et virgules a mis à nu les carences en matière d'instruction et de traitement de l'information. Car en fait, il ne s'agit pas de savoir qui, au-delà des résultats de l'enquête qui déjà pointe du doigt la défense, de l'administration et de la tutelle ou de la partie de la défense supporte la responsabilité dans ces fuites organisées, mais de situer le manque flagrant de communication, ce qui ouvre droit à des passe-droits et privilèges selon les goûts pour choisir son canal de communication, faisant fi de la démocratisation de l'information et du droit de savoir du citoyen et de la protection des personnes dans leur dignité et leur intégrité. S'agissant des délibérations, il est à rappeler que la chambre d'accusation devait apprécier les faits et accusations des juges d'instruction du tribunal de Chéraga qui ont traité cette affaire et programmé la date du procès. 124 personnes sont impliquées dans cette affaire, dont 4 sont en détention préventive. Elles sont poursuivies pour dilapidation des deniers publics, association de malfaiteurs et abus de confiance. Pour rappel, plus de 1000 personnes ont été auditionnées par les deux juges d'instruction du tribunal de Chéraga qui ont instruit l'affaire Khalifa. Parmi ces personnes, dont certaines ont été mises sous contrôle judiciaire ou laissées en liberté provisoire, figurent 40 présidents-directeurs généraux ( P-DG) d'entreprises publiques.