Procès n L'affaire de la caisse principale de El Khalifa Bank s'ouvre ce matin devant le tribunal de Blida. Le «scandale du siècle» en Algérie est passé ce matin au Tribunal criminel de Blida, ou l'appareil judiciaire tentera de démêler l'écheveau en l'absence du principal «wanted» contre lequel un mandat d'arrêt international a été lancé le 14 juin 2003 : Rafik Abdelmoumen, en fuite depuis des années en Grande-Bretagne et qui sera jugé par contumace, les procédures de son extradition étant en cours. Les observateurs s'attendent à un long marathon. 104 personnes impliquées. Des millions de transactions épluchées. Des tonnes de dossiers entre les mains des juges. De très lourds chefs d'inculpation. Selon M. Boukhatem, procureur général-adjoint, responsable de la cellule de communication du parquet de Blida, l'accusation porte sur «association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie, abus de confiance et falsification de documents officiels». L'affaire Khalifa, dont l'instruction a été clôturée au mois de juin dernier, a été examinée le même mois par la chambre d'accusation près la Cour de Blida après plusieurs reports à la demande du collectif des avocats au motif que le délai d'examen de l'ordonnance de renvoi accordé à la défense n'était pas suffisant au regard du nombre important de prévenus. Après plusieurs jours de délibérations, la chambre d'accusation a décidé du renvoi de cette affaire devant le tribunal criminel de Blida. La justice a été, pour rappel, saisie pour cette affaire après que les nombreuses inspections effectuées chez El Khalifa Bank par la Banque d'Algérie eurent révélé des cas de transgression de la loi et des irrégularités dans le fonctionnement et la gestion de cette banque. Les audiences sont consacrées au volet principal de l'affaire qui porte sur un «trou» de 3,2 milliards de dinars, constaté dans la caisse principale de la banque à la suite d'irrégularités dans la gestion des dépôts et de la non-observation des règles prudentielles dans l'octroi des crédits. Les accusés encourent des peines allant jusqu'à dix ans de prison ainsi que de fortes amendes. Cinq accusés sont en détention préventive depuis près de trois ans, 92 sont en liberté provisoire sous contrôle judiciaire et sept sont en fuite. Le procès de El Khalifa Bank doit être suivi par d'autres concernant les filiales du groupe, sa compagnie aérienne Khalifa Airways et une chaîne de télévision installée en France K-TV.