La Russie a annoncé, hier matin, avoir mené durant la nuit des dizaines de frappes aériennes et de missiles dans l'est de l'Ukraine, alors que selon Kiev l'armée russe a lancé une vaste offensive sur le Donbass. «Des missiles de haute précision des forces aérospatiales russes ont neutralisé 13 places fortes des unités de l'armée ukrainienne» ainsi que des «concentrations» de troupes près de la ville clé de Sloviansk dans la région de Donetsk, a indiqué le ministère de la Défense. Il a fait état de dizaines d'autres frappes de missiles et de centaines de cibles visées par son artillerie dans le sud et l'est du pays. L'état-major russe a affirmé avoir aussi frappé «60 installations militaires de l'Ukraine», dont trois points de commandements, et deux entrepôts de missiles Totchka-U. La Russie a également appelé, hier, toute l'armée ukrainienne à «déposer les armes» et les derniers défenseurs de Marioupol à cesser leur «résistance insensée», un appel qui intervient alors que, selon Kiev, Moscou a lancé sa grande offensive sur l'est ukrainien. «Ne tentez pas le destin, prenez la seule décision correcte, celle de cesser les opérations militaires et déposez les armes», a dit le ministère russe de la Défense en s'adressant aux forces ukrainiennes. Il a promis en outre «la vie sauve» aux combattants ukrainiens de Marioupol (sud-est) occupant encore le site industriel d'Azovstal s'ils se rendaient à partir de 12h00 (09h00 GMT) hier. La ville de Lviv est aussi ciblée. De «puissantes» frappes russes y ont fait lundi sept morts, d'après les autorités locales. Non loin de là, un important dépôt d'«armements étrangers», provenant des Etats-Unis et de l'Union européenne, a été détruit, selon Moscou. Située loin du front, près de la frontière polonaise, Lviv s'est convertie en cité-refuge pour les personnes déplacées et avait été peu visée jusqu'alors par les frappes russes. Pour la seule journée de lundi, l'armée russe assure avoir mis hors d'état 16 sites militaires ukrainiens, abritant en particulier des munitions et des missiles tactiques Totchka-U. Ces armements constituent un enjeu majeur, tant pour Moscou que pour Kiev. Dans ce contexte, le président Vladimir Poutine a décerné lundi un titre honorifique, notamment pour son «héroïsme», à la 64e brigade de fusiliers motorisés, que l'Ukraine accuse d'avoir commis un massacre de civils à Boutcha, dans la périphérie de Kiev - accusations catégoriquement démenties par Moscou qui ne cesse de dénoncer «les informations mensongères des dirigeants ukrainiens». De son côté, le président américain Joe Biden devait participer, hier, à une réunion virtuelle consacrée au conflit en Ukraine. Il devait évoquer, «avec les alliés et partenaires» des Etats-Unis dont la liste n'a pas été dévoilée, le «soutien continu à l'Ukraine», selon un responsable de la Maison- Blanche. Revenant sur les objectifs, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, a indiqué, hier, que la Russie veut «libérer» militairement le Donbass, Moscou considérant cette région comme indépendante de l'Ukraine. Le ministre de la Défense, accusant l'Occident de «faire durer» le conflit en livrant des armes à Kiev. «L'armée russe exécute les tâches fixées par le chef des armées (Vladimir Poutine) pour l'opération militaire spéciale. En conséquence, le plan de libération des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk est mis en oeuvre», a dit, selon les agences de presses russes, Sergueï Choïgou. Accusant l'Ukraine d'orchestrer un «génocide» de russophones, Vladimir Poutine a reconnu l'indépendance des «républiques» séparatistes de Donetsk et Lougansk dans le bassin du Donbass, dans l'est de l'Ukraine. La vaste offensive lancée le 24 février, qualifiée par Moscou «d'opération militaire spéciale» vise officiellement à défendre les séparatistes et à étendre les territoires sous leur contrôle. «Les Etats-Unis, et les Etats occidentaux qu'ils contrôlent, font tout pour faire durer au maximum l'opération militaire spéciale. Les livraisons croissantes d'armes étrangères démontrent clairement leur intention, celle que le régime de Kiev se batte jusqu'au dernier des Ukrainiens», a dit M. Choïgou. Il s'exprimait devant une assemblée de hauts responsables militaires du ministère de la Défense et de l'armée, notamment le chef d'état-major, Valéri Guerassimov.