Les Lusitaniens ont laissé dans la bataille quelques-unes de leurs pièces maîtresses. La Coupe du monde a bien failli tourner au vinaigre, dimanche soir, à Nuremberg. On a eu droit, ce soir-là, au premier match musclé et heurté depuis le début du tournoi. Un match si heurté et musclé que l'on a eu droit à une pluie de cartons jaunes (16 au total, ce qui constitue un record dans un Mondial) mais surtout à quatre cartons rouges (deux de chaque côté) tous justifiés. Et il n'y a pas eu que cela puisqu'en plusieurs occasions, les joueurs en sont venus aux mains. Il est évident qu'en de telles circonstances, c'est vers l'arbitre que les yeux se tournent comme pour signifier qu'il a été celui par qui le scandale est arrivé. Pourtant, cet homme-là n'a rien à voir avec ce qui s'est passé. L'attaquer voudrait dire couvrir les joueurs véritables auteurs du scénario de dimanche soir. En effet, si le match a été particulier en matière d'incidents, c'est parce que les joueurs des deux camps ont été mal préparés psychologiquement. Dans la crainte de voir la qualification leur filer sous le nez, ils n'ont pas su maîtriser leurs nerfs. Il y avait dans cette confrontation une sorte de conditionnement des acteurs qui a fait que ces derniers ont mis de côté les valeurs du fair-play et de la sportivité. Le Russe, M.Valentin Ivanov, a eu, donc, à diriger une rencontre de football, mais également une armada de joueurs surexcités qui se sont rendus coup pour coup. Quand les fautes sont évidentes, la sanction c'est le carton jaune, et cela le public comme les joueurs ne l'ont pas compris, estimant que M.Ivanov en faisait trop. En cela, ce dernier s'est fort bien sorti de ce guêpier hollando-portugais, un match vraiment pas facile à diriger avec de tels acteurs et de tels paramètres. Une rencontre qui a vu les Portugais passer le cap néerlandais grâce à un but inscrit par Maniche à la 23e minute de jeu sur une frappe aussi soudaine que précise. La victoire des Lusitaniens ne se discute pas, mais elle aurait très bien pu être batave que l'on aurait trouvé cela logique. Non pas que les «Oranje» aient survolé les débats, mais en matière de domination et de possession du ballon, ce sont eux qui ont eu la primauté. Du reste, après l'ouverture du score, les Portugais ont opéré un repli vers leur camp et se sont placés sous la menace d'un retour des Hollandais. Pour leur bonheur, ces derniers ont laissé leur réalisme offensive aux vestiaires. Marco Van Basten, le coach néerlandais, qui a dû se passer des services de Van Nistelrooy pour ce match pour le remplacer par l'inexpérimenté Kuyt, va devoir assumer ses responsabilités dans cet échec, lui qui sera, certainement critiqué pour avoir laissé à la maison un Clarence Seedorf qui avait, largement, sa place dans cette équipe. Du côté Portugais, Scolari a concocté une stratégie à repli défensif pour opérer par contres. Mais il a dû, dès la fin de la première mi-temps, tenir compte du carton rouge infligé à Costinha et de la blessure de Christiano Ronaldo. Fort heureusement pour les Lusitaniens, l'infériorité numérique à 10 contre 11 n'a duré qu'un tout petit quart d'heure puisque Boulahrouz a été, lui aussi, prié de regagner prématurément les vestiaires à la 63e minute. Par la suite, l'équipe portugaise s'est de nouveau retrouvée en infériorité numérique avec l'exclusion de Deco à la 78e minute de la partie. A 10 contre 9, alors qu'il restait 12 minutes à jouer, les Hollandais voyaient leurs chances de revenir au score augmenter, mais il était dit qu'ils échoueraient dans leur entreprise à cause, comme on l'a dit, de leur manque de réalisme offensif. Et la sortie sur exclusion de Van Bronckhorst dans le temps additionnel (6 minutes) n'a pas arrangé leurs affaires. Mais celle des Portugais, qui atteignent les quarts de finale d'un Mondial pour la première fois depuis 40 ans (1966 en Angleterre). Mais ces Portugais ont payé cher cette qualification car ils vont devoir gérer l'absence de Costinha et celle de Deco, alors que Christiano Ronaldo, qui a été remplacé sur blessure, n'est pas sûr d'être aligné contre l'Angleterre. Comme quoi, le Portugal a obtenu une sacrée qualification mais à un prix extrêmement onéreux.