Qui sème le vent récolte la tempête », dit-on souvent. Sauf que dans le cas de la question palestinienne, Israël, par son intensification de sa répression dans les territoires palestiniens et du blocage de toute perspective de règlement, a déclenché la guerre. De ce point de vue, rien de nouveau, sauf, diront les spécialistes, une nouvelle escalade, mais elle-même procédant du cycle occupation résistance. Tout a commencé vendredi, lorsqu'une unité de l'armée israélienne a kidnappé en plein territoire de Ghaza trois militants palestiniens. Même ce fait n'est pas isolé avec la série d'éléments, intervenue avec le bombardement il y a quinze jours, du littoral de ce territoire évacué de l'intérieur par l'armée israélienne en septembre 2005. La riposte palestinienne est intervenue dans la nuit de dimanche avec une attaque d'un poste militaire israélien se soldant par la mort de deux soldats israéliens tandis qu'un troisième était tout simplement enlevé. L'attaque a été condamnée par les plus hautes autorités palestiniennes, et le Hamas à la tête du gouvernement palestinien appelait à la libération du soldat israélien. Une manière de dégager la responsabilité du Hamas de cette opération menée, apprendra-t-on, plus tard, par les Comités de la résistance populaire, une organisation créée avec la nouvelle Intifadha. Mais hier, comme s'il est conscient qu'elle avait subi un sérieux revers, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, affirmait lundi avoir ordonné à son armée de se tenir prête à une offensive d'envergure dans la bande de Ghaza. « J'ai donné l'ordre hier (dimanche) au commandement militaire de préparer nos forces pour une opération militaire de grande envergure et de longue haleine, pour frapper les organisations terroristes, leurs chefs et tous ceux qui sont impliqués dans le terrorisme », a déclaré M. Olmert. A cette occasion, il a affirmé qu'Israël « atteindra » tous ceux qui sont impliqués dans l'enlèvement et la détention du soldat israélien Gilad Shalit. Il a réaffirmé qu'il jugeait responsable du sort du soldat l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas et le gouvernement Hamas du Premier ministre Ismaïl Haniyeh. « Nous considérons l'Autorité palestinienne et l'ensemble de ses dirigeants, à compter du président et de tout le gouvernement, comme responsables de l'attaque, avec tout ce que cela implique », a déclaré M. Olmert. Abondant dans ce discours mystificateur et qui dénature comme toujours la réalité de cette question, Israël revendique un droit à la légitime défense. C'est ce qu'a déclaré la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni. Mme Livni, qui s'exprimait devant des ambassadeurs en poste en Israël comme si elle voulait les impliquer ou tout simplement les prendre à témoin, a appelé la communauté internationale à « condamner sans équivoque l'enlèvement d'un militaire du contingent » la veille en territoire israélien. « La communauté internationale doit adresser un message clair et précis exigeant que le soldat soit libéré immédiatement et sans condition », a-t-elle poursuivi. Un discours tout simplement surréaliste, connaissant le peu sinon l'absence de considération d'Israël pour cette même communauté et, par extension, ses résolutions demandant notamment la satisfaction des droits nationaux du peuple palestinien. Mais il n'est pas resté sans écho. « Il s'agit d'une escalade majeure et d'un test pour Abbas. J'espère qu'il saura assumer ses responsabilités et résoudre cette crise, car il est conscient que son autorité est en jeu », a ainsi déclaré l'ambassadeur britannique Simon McDonald. Son homologue français a affirmé, quant à lui, que « les autorités françaises sont en contact avec M. Abbas pour trouver un moyen d'obtenir la libération du soldat », qui possède aussi la nationalité française. Dès dimanche soir, Israël a massé des troupes en bordure de la bande de Ghaza pour une attaque massive dont la cible principale, mais pas l'unique sera le mouvement Hamas. « Nous veillerons à ce que le gouvernement du Hamas cesse de fonctionner si le soldat enlevé ne nous est pas rendu vivant », a déclaré un haut responsable sécuritaire israélien. Cette menace a été formulée par le chef des services israéliens de la sécurité intérieure (Shin Beth), Youval Diskin, lors d'une rencontre, dimanche soir, avec M. Abbas. Un haut responsable du commandement de la région militaire sud d'Israël a confirmé, hier, que « d'importantes forces d'infanterie et d'artillerie se sont concentrées aux abords de cette région ». Selon une source militaire, la marine israélienne a resserré son contrôle au large du littoral de Ghaza. Un médiateur égyptien a, pour sa part, indiqué sous le couvert de l'anonymat : « Nous menons des contacts avec toutes les parties pour obtenir la libération du soldat ». Des diplomates étrangers se trouvant dans la bande de Ghaza ont de leur côté indiqué au journal Haaretz qu'ils tentaient d'obtenir la libération du soldat. Ils ont précisé avoir réussi à localiser ses ravisseurs et indiqué que ceux-ci se sont engagés à le traiter correctement. Ces diplomates ont refusé de donner des détails sur le groupe responsable de l'enlèvement, selon Haaretz. Mais ce n'est là qu'un épisode de ce conflit et la guerre n'a jamais été la solution idoine. Mais il se trouve qu'Israël refuse de parler de paix.