L'enlèvement du soldat israélien par des résistants palestiniens a suscité une brusque tension dans la région Israël massait hier, autour de la frontière de la bande de Ghaza, des dizaines de chars en vue d'une offensive contre ce territoire palestinien. Ces renforts militaires ont été disposés dans la perspective d'une offensive de grande envergure à Ghaza dans l'espoir de retrouver et récupérer le soldat israélien enlevé dimanche dernier après une audacieuse opération de brigades de la résistance palestinienne en réponse aux dernières représailles israéliennes contre la population palestinienne et les assassinats ciblés de responsables palestiniens. Cette opération, dans le sud d'Israël, a coûté la vie à deux soldats israéliens, un troisième a été grièvement blessé et un quatrième enlevé. L'opinion publique israélienne et les médias israéliens considéraient hier ces pertes comme un échec cinglant de l'armée israélienne, estimant que ‘'Tsahal'' (l'armée israélienne) a été humiliée. Les brigades Ezzedine Al Qassam (branche militaire du Hamas), les Comités de la résistance palestinienne et l'« Armée islamique» (ce mouvement était jusqu'à ce jour inconnu) avaient revendiqué dimanche la responsabilité de l'attaque contre la patrouille militaire israélienne. Cela n'empêcha pas le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz de taxer les résistants palestiniens de «terroristes». Qu'ils s'attaquent aux civils -ce qui sans doute est condamnable- ou aux militaires, les Palestiniens, en guerre contre l'agresseur et occupant israéliens, restent dans le discours israélien des «terroristes». Il en est ainsi de Peretz qui déclarait hier «Les terroristes doivent comprendre que leur action ne restera pas impunie». De fait, dans sa confrontation avec les Palestiniens, Israël qui a toujours cherché à leur imposer son diktat, a élevé les représailles et les menaces au niveau de règle de gouvernement. Les assassinats ciblés sont devenus une forme de gouvernance pour les Israéliens ces dernières années. Sur la même ligne que son ministre de la Défense, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a déclaré hier «Nous agirons contre tout terroriste, contre toute organisation terroriste où qu'ils se trouvent. Ils savent que nous sommes capables de parvenir jusqu'à eux, même dans des endroits éloignés où ils se cachent en pensant qu'ils sont protégés. Nous saurons comment les frapper», faisant à l'évidence allusion au chef du Hamas, Khaled Mechaal, retranché à Damas. Mais, Israël qui, depuis quarante ans -dans ses relations avec les Palestiniens- a eu recours à la force, encore à la force et toujours la force, n'a toujours pas compris qu'on ne fait pas plier un peuple qui lutte pour ses droits. Mais il faut aussi dire que la «communauté internationale» qui fait pression sur les seuls Palestiniens -dont les territoires sont occupés par une puissance étrangère- a de tout temps ménagé Israël, l'exonérant ainsi de ses obligations internationales envers le peuple palestinien sous occupation et de savoir raison garder en toute circonstance envers ce peuple qu'il avait l'obligation de protéger. Appelant lundi à la retenue, les Etats-Unis ont, encore une fois, axé leurs propos sur la «responsabilité», selon eux, des dirigeants palestiniens -omettant d'en faire autant pour les Israéliens- comme le déclarait Sean McCormack, porte-parole du département d'Etat, qui indiqua «Nous appelons les deux parties à faire preuve de retenue et éviter des actions qui pourraient provoquer une escalade» et M. McCormack d'ajouter «Comme nous l'avons toujours dit c'est de la responsabilité de l'Autorité palestinienne d'arrêter les actes de violence», sans, naturellement, dire un mot sur la responsabilité d'Israël dans cette même violence. De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a appelé lundi toutes les parties à la retenue alors que l'armée israélienne s'est déployée près de la frontière avec Ghaza, prête à une offensive d'envergure après l'enlèvement d'un soldat israélien dimanche. M.Annan a appelé toutes les parties «à faire preuve de retenue à ce moment grave et à prendre toutes les mesures pour éviter une escalade et un bain de sang» selon son porte-parole. Dans l'optique de cette offensive et face aux menaces répétées de responsables du gouvernement israélien, les dirigeants du Hamas sont entrés dans la clandestinité, menaçant à leur tour d'une réplique sanglante en cas d'attaque de l'armée israélienne contre la bande de Ghaza. Le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, a indiqué en effet: «Evidemment, les membres des mouvements palestiniens ont des raisons de prendre des précautions (...) mais les menaces israéliennes ne parviendront pas à terroriser le peuple palestinien» a-t-il affirmé. Par ailleurs, les groupes qui ont enlevé le soldat israélien, refusent de le rendre mais demandent la libération des détenues palestiniennes et des enfants de moins de 18 ans en échange du soldat. Dans un communiqué, ces groupes ont indiqué: «Les forces d'occupation n'obtiendront aucune information concernant le soldat porté disparu si elles ne s'engagent pas d'abord à libérer immédiatement toutes les femmes détenues dans les prisons israéliennes (et) tous les enfants de moins de 18 ans».