La diplomatie russe a dénoncé, hier, l'introduction de restrictions «hostiles» sur le transit ferroviaire, via la Lituanie, de marchandises vers l'enclave de Kaliningrad, menaçant de représailles si elles ne sont pas levées. Moscou a indiqué que Vilnius avait introduit dimanche des restrictions sur le transit de marchandises frappées par les sanctions européennes adoptées après l'opération spéciale en Ukraine. «Nous avons réclamé la levée immédiate de ces restrictions», a dit la diplomatie russe dans un communiqué. Si le transit «n'est pas rétabli en totalité, alors la Russie se réserve le droit d'agir pour défendre ses intérêts nationaux», a-t-elle souligné dans ce même document qui indique que le chargé d'affaires lituanien à Moscou avait été convoqué au ministère russe des Affaires étrangères. «La situation est plus que sérieuse», a relevé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, estimant qu'une «analyse approfondie était nécessaire pour élaborer les répliques». En attendant une éventuelle évolution de la situation, le gouverneur de Kalinigrad a annoncé que les biens concernés par les restrictions seraient acheminés vers l'enclave par navire «d'ici une semaine». La région russe de Kaliningrad est une enclave au bord de la mer Baltique, séparée du reste de la Russie et frontalière uniquement de pays de l'UE et de l'Otan. Sur un autre registre, les autorités russes ont accusé, hier, les forces ukrainiennes d'avoir tiré sur des plates-formes de forage en mer au large de la Crimée, faisant état d'au moins trois blessés et d'opérations de secours en cours. «Ce matin, l'ennemi a attaqué les plates-formes de forage de Tchernomorneftegaz. Je suis en contact avec nos collègues du ministère de la Défense et (des services spéciaux) du FSB, nous nous efforçons de sauver des gens», a déclaré sur Telegram le gouverneur installé par Moscou après l'annexion en 2014 de la Crimée, Sergueï Aksionov. Selon lui, cinq personnes sur 12 ont été sauvées, dont trois blessés, et les recherches se poursuivent pour les autres. Par ailleurs, alors que la Suède et la Finlande poursuivent leurs pourparlers avec la Turquie sur leur adhésion à l'Otan, l'espoir d'une entrée rapide dans l'alliance semble de plus en plus s'éloigner en raison du blocage sur le dossier kurde. Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg devait rencontrer, hier, à Bruxelles des représentants turcs, suédois et finlandais, dans l'espoir de débloquer le dossier avant un sommet de l'alliance à Madrid la semaine prochaine. Avant le blocage surprise turc le mois dernier, Stockholm et Helsinki - ainsi que la direction de l'Otan à Bruxelles - espéraient un processus rapide d'adhésion à l'alliance, avec l'espoir que l'unanimité nécessaire des 30 membres actuels soit affichée dès la réunion de Madrid. Mais la Première ministre finlandaise Sanna Marin a reconnu la semaine dernière le risque de voir les choses «gelées» si le litige ne se dénouait pas d'ici là. «Si nous ne réglons pas ces questions avant Madrid, il y a un risque que la situation soit gelée. Nous ne savons pas pour combien de temps mais cela pourrait prendre un certain temps», a-t-elle affirmé lors d'une réunion des Premiers ministres nordiques. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réclamé mercredi dernier «des mesures concrètes» des deux capitales nordiques, Ankara demandant des engagements écrits. La Turquie accuse les deux pays - et principalement la Suède - de soutenir des groupes kurdes comme le PKK et l'YPG qu'elle considère comme terroristes. Elle exige aussi la levée des blocages d'exportations d'armes décidés par les deux pays nordiques après son intervention militaire dans le nord de la Syrie en octobre 2019, le durcissement de la législation antiterroriste suédoise et l'extradition de plusieurs individus qu'elle considère comme terroristes. La Suède a été un des premiers pays à classer le PKK comme organisation terroriste dès les années 1980. Mais comme de nombreux pays occidentaux, elle a exprimé son soutien aux YPG, alliés du PKK en Syrie qui ont combattu les terroristes de l'Etat islamique au côté de la coalition internationale menée par les Etats-Unis. Stockholm a déjà fait quelques gestes, en soulignant notamment que l'entrée dans l'Otan pourrait changer la position de son autorité chargée des exportations d'armes concernant la Turquie. La Suède a aussi durci sa législation antiterroriste ces dernières années et un nouveau tour de vis doit entrer en vigueur le 1er juillet, a souligné la semaine dernière la Première ministre Magdalena Andersson. Mais avec son importante communauté kurde estimée à 100.000 personnes, «la Suède se démarque (...) en étant généralement plus favorable à la cause kurde», note un expert.