La Première ministre française Elisabeth Borne poursuivait, hier, ses consultations à la recherche d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale où, pour la première fois, une femme, Yaël Braun-Pivet, doit accéder à la présidence. Le président Emmanuel Macron l'a chargée de sonder pour voir si un «accord de gouvernement» est possible et de composer une nouvelle équipe gouvernementale d'ici à début juillet. Après un premier tour de table lundi, la Première ministre rencontrait à tour de rôle, hier, les chefs des groupes parlementaires de la droite, et de la gauche (socialiste, communiste et écologiste) de l'Assemblée. Dans une lettre qu'elle leur a adressée lundi, la Première ministre prend acte de leur refus «d'entrer dans une dynamique de construction de coalition ou d'accord global avec le groupe majoritaire» mais ajoute qu'elle souhaiterait cependant «approfondir (la) discussion pour mieux identifier les points essentiels de convergences et de désaccords». Elle ne renonce pas à un accord de gouvernement, précise son entourage. Emmanuel Macron a précisé que ces discussions se feraient dans le «cadre du projet présidentiel et de celui de la majorité présidentielle qui pourra être amendé ou enrichi». Avec pour ligne rouge de n'augmenter «ni les impôts ni la dette». Il a dit attendre, à son retour jeudi soir du sommet de l'Otan à Madrid, des propositions «pour une feuille de route» et la composition d'un nouveau gouvernement prévu pour début juillet. La question du maintien au gouvernement du ministre des Solidarités Damien Abad se pose, alors qu'une plainte pour tentative de viol a été déposée contre le ministre, déjà visé par d'autres accusations d'agressions sexuelles. Il a annoncé en retour une plainte pour dénonciation calomnieuse. Confortablement réélu en avril, le président français a subi un revers au second tour des législatives le 19 juin en perdant sa majorité absolue à l'Assemblée nationale. Il ne dispose plus que d'une majorité relative, ce qui le contraint à trouver des alliances pour mettre en oeuvre son programme de réformes, notamment sur les retraites. Depuis, la France est plongée dans l'incertitude, elle qui est peu habituée à des coalitions de gouvernement, contrairement à de nombreux autres pays européens. D'autant que le président français a écarté la possibilité d'un accord avec le Rassemblement national (RN, extrême droite) et La France insoumise (LFI, gauche radicale), deux formations qui, selon lui, «ne s'inscrivent pas comme des partis de gouvernement» mais ont toutes deux fait une entrée massive à l'Assemblée. Les alliés possibles, «ce sera des communistes aux LR» (Les Républicains, parti de droite), a-t-il indiqué. L'opposition cependant refuse tout accord général. «On lui a redit qu'il n'était pas question de quelque coalition que ce soit, mais qu'on était là pour essayer de trouver des solutions», a déclaré le patron des Républicains à la chambre basse, Olivier Marleix, premier à être reçu par Mme Borne. La formation de la droite est particulièrement courtisée, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lui-même transfuge de LR, ayant estimé que la majorité était «d'accord sur l'essentiel avec les députés LR». Parmi les priorités de la nouvelle législature figurent des mesures urgentes de sauvegarde du pouvoir d'achat des Français, malmené par l'inflation, comme ailleurs en Europe. Le texte gouvernemental en préparation propose la hausse de 4% d'une série de prestations sociales. La gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon s'apprête également à déposer «une grande loi d'urgence sociale». La nouvelle Assemblée est entrée en fonction à 13h00 GMT, et devait élire son président dans la foulée. Le vote est à bulletins secrets à trois tours si nécessaire, le troisième étant à la majorité relative. Yaël Braun-Pivet, 51 ans, qui était jusqu'à samedi ministre des Outre-Mer, part favorite, ce qui serait une première en France, à la différence d'autres pays où cette fonction s'est féminisée plus tôt. Mme Braun-Pivet, ex-présidente de la commission des Lois de l'Assemblée, a été investie mercredi dernier par la majorité présidentielle et devrait succéder à Richard Ferrand, un proche d'Emmanuel Macron défait aux législatives. Avec Mme Borne et l'élection la semaine dernière d'Aurore Bergé pour présider le groupe du parti présidentiel Renaissance à l'Assemblée nationale, ce trio de femmes au pouvoir est aussi inédit en France.