Le marché du travail étant ce qu'il est, la Caisse nationale d'allocation chômage (Cnac) trouve qu'il est plus avantageux pour la sauvegarde de l'emploi d'intervenir en amont, en apportant une assistance aux entreprises en difficulté. Au fond, la préservation de l'outil de travail est encore plus importante pour l'avenir économique du pays que le simple versement des pensions de chômage. Il est certain que pour la Cnac, la différence est nette, alors même que le poids de cette opération sur son budget n'est pas plus lourd que celui du paiement des pensions. La Caisse nationale d'allocation chômage avait été créée, dans l'urgence, au début des années 90, et ce dans le but de prendre en charge les fournées de travailleurs qui allaient perdre leur emploi du fait de l'application de l'ajustement structurel imposé par les instances internationales. Après des décennies de gestion étatique et de plein emploi, l'Algérie découvrait subitement les affres des lendemains incertains induits par la fermeture d'usines et les compressions d'effectifs. La Cnac s'est bien acquittée de sa première mission, puisqu'elle a eu à accompagner le quotidien des centaines de milliers de chômeurs qui, sans cela, se seraient retrouvés sans ressources du jour au lendemain. En outre, en partenariat avec d'autres institutions du secteur, comme l'Agence nationale de l'emploi (Anem) elle a eu aussi à aider à la réinsertion de ses adhérents dans la vie active... Aujourd'hui, la Cnac lance un autre projet, celui de l'Aide aux entreprises en difficulté (AED). C'est une prestation qui est prévue dans le dispositif législatif d'assurance chômage et qui est avalisée par une décision du conseil d'administration de la Cnac en juillet 2000, avec le soutien des autorités publiques. Conduite en partenariat avec les organismes financiers, c'est une action qui vise à réduire les risques de chômage économique en restaurant la bonne santé des entreprises en difficulté. La première condition qui est prise en considération est celle du coût de cette opération. Le coût global de la sauvegarde de l'emploi menacé doit être inférieur à celui de la création d'un nouvel emploi. En outre, la contribution financière de la Cnac à cette sauvegarde doit également être inférieure à la prise en charge des chômeurs. En d'autres termes, la Cnac ne fait pas dans la philanthropie, mais en bon manager, elle prend en considération à la fois les intérêts des travailleurs, ceux de l'entreprise, ceux de sa caisse et globalement aussi ceux de l'économie nationale dans son ensemble. La deuxième condition qui est posée porte sur la viabilité de l'entreprise à l'issue de cette aide. Un audit est donc requis pour voir dans quelle opération la Cnac va mettre son argent qui est, ne l'oublions pas, le fruit des cotisations des travailleurs. Il s'agit avant tout de donner à l'entreprise la volonté et les moyens de retrouver une compétitivité, et ce en familiarisant ses gestionnaires avec les outils modernes de management (études de marché, de positionnement stratégique, d'opportunité d'investissement), en facilitant l'accès aux crédits bancaires, en l'aidant à nouer des contacts pour un éventuel partenariat. Après un bilan financier, social, technique et commercial, les experts recherchent «sous la cendre, les braises permettant d'espérer le redémarrage d'une activité compétitive.» On signalera que trente entreprises ont été proposées par leurs propriétaires et qu'elles ont été diagnostiquées. Vingt et une ont été retenues par le comité de sélection et 3.380 emplois ont été préservés. Le coût complet de la préservation d'un emploi est de 150.000 DA, dont 22.000 DA représentent la contribution de la Cnac.