La justice s'y met, 36 personnes figurent dans la liste des suspects. L'affaire de détournement de 572 millions de dinars d'Algérie Télécom a pris une nouvelle tournure depuis vendredi dernier. La chambre criminelle, près la cour d'Alger, a auditionné des témoins à charge dans cette affaire. Le réseau est composé de quelque 36 personnes, dont des étrangers venant de pays arabes, spécialisées, paraît-il, dans le piratage de lignes téléphoniques à Alger. Les suspects sont accusés, particulièrement, de dilapidation de deniers publics appartenant à Algérie Télécom, une entreprise éligible à la privatisation. Le montant du préjudice s'élève à 572 millions de dinars, déboursé dans un laps de temps de quatre ans, entre 2001 et 2004. Selon les témoins entendus vendredi par la cour d'Alger, il a été confirmé, du moins selon les premiers témoignages, la responsabilité des techniciens de l'entreprise dans le piratage de plusieurs lignes téléphoniques au centre d'Alger. Les révélations sont graves d'autant plus que l'on parle aussi d'une complicité récompensée en argent. Il semblerait que des techniciens d'Algérie Télécom font bénéficier des étrangers en leur accordant illégalement des lignes téléphoniques sur le réseau étranger. Ces lignes appartenaient auparavant à d'autres usagers qui, après avoir réactivé leur numéro, se sont retrouvés avec des surfacturations exorbitantes. Les mêmes témoins ont indiqué que les techniciens, chargés de l'installation des nouvelles lignes téléphoniques, doivent prendre une série de mesures avant l'accomplissement de leur tâche. Il est question, entre autres mesures, de s'assurer des informations contenues dans la fiche technique, notamment l'identité du demandeur de la ligne, et s'il réside effectivement à l'adresse mentionnée dans la demande aux services concernés. Il est également exigé à l'équipe technique, ajoutent les témoins, de refuser l'installation de la ligne téléphonique si les informations contenues dans la fiche technique sont fausses. Cette même équipe est contrainte d'informer l'agence de télécommunication qui procèdera à l'ouverture d'une enquête. Une opération qui a justement conduit à la découverte d'une activité suspecte. Cela a permis de détecter en d'autres termes «le piratage des lignes téléphoniques». Une illégalité à l'origine des pertes commerciales faramineuses estimées jusqu'à l'heure actuelle à 572 millions de dinars. Pis encore, selon certaines informations, les pirates sont allés jusqu'à utiliser des lignes téléphoniques de la chefferie du gouvernement et d'autres institutions officielles. Les techniciens d'Algérie Télécom sont pointés du doigt dans une affaire tirée par les cheveux. Ils ne sont pas les seuls, plusieurs autres étrangers, notamment des Palestiniens, seraient impliqués dans cette affaire, à en croire certaines sources. Le principal présumé auteur est, semble-t-il, en fuite, ce qui donne un avant-goût de ce que sera la suite du scénario et la complexité de l'affaire. 36 personnes figurent dans la liste des suspects dans une affaire de dilapidation de deniers publics, à l'origine d'une fuite financière évaluée à près de 572 millions de dinars.