Pour la circonstance, la police allemande utilise les gros moyens. Pour son retour en Europe après une virée en Asie, la Coupe du monde courait le risque d'être la proie du hooliganisme. Si en 2002, au Japon et en Corée du Sud, l'évènement s'était déroulé sans anicroche sur ce plan-là, il n'en avait pas été de même quatre ans plus tôt en France où les «casseurs» de tout bord s'étaient donné rendez-vous. Comme de coutume, c'était les Anglais qui étaient la cause des plus gros incidents, notamment à Marseille, le jour d'un Angleterrre-Tunisie. Ils avaient été rejoints cette année là par leurs «collègues» allemands dont certains avaient agressé un policier français jusqu'à le handicaper pour la vie. Ce policier a, d'ailleurs, été l'invité des autorités allemandes pour le match d'ouverture du Mondial 2006 entre l'Allemagne et le Costa Rica. Un Mondial 2006 qui a donné lieu à des échauffourées entre supporters ou entre supporters et policiers mais sans atteindre la gravité de ce qu'on avait connu en France en 1998. Il faut dire que les mesures préventives ont eu leur effet. Aujourd'hui, dans la plupart des grands pays européens, les hooligans sont connus et fichés par les services de police. Certains, considérés comme dangereux, sont carrément interdits de déplacements dans les grandes manifestations sportives internationales. D'autres sont étroitement surveillés tant par la police du pays où se déroule l'évènement que par leur propre police qui délègue, pour la circonstance, des agents pour donner un coup de main à leurs collègues allemands. On n'a, ainsi, pas manqué de remarquer la présence de policiers portugais et néerlandais à Nuremberg le jour du huitième de finale entre le Portugal et les Pays-Bas. Mais depuis notre arrivée en Allemagne on se demande si la volonté de lutter contre cet exécrable phénomène est réelle. D'une manière générale, le supporter devient violent lorsqu'il est sous l'emprise de stupéfiants ou de l'alcool. S'agissant des drogues, on connaît les interdits qui les frappent. Pour ce qui est de l'alcool, c'est autre chose. L'Allemagne est un pays où la bière est extrêmement prisée. Elle est vendue à n'importe quel endroit, n'importe quel coin de rue. Vous la trouverez même dans les stades et dans les tribunes, des endroits censés être des lieux à des fléaux aussi nocifs que le tabagisme et l'alcoolisme. Il faut dire que le marché de la bière dans les sites de la Coupe du monde a été pris par un brasseur américain qui a supplanté tous ses concurrents allemands en signant un contrat faramineux avec la Fifa. C'est pourquoi vous trouverez des consommateurs de cette boisson jusque dans les tribunes. Il est sûr abus d'alcool ne veut pas dire appel forcé à des actes de violence. Les Allemands en consomment depuis des lustres en quantité, ce n'est pourtant pas chez eux que l'on fait état des plus grands actes de hooliganisme. En tout cas, à grand avènement, grands moyens. La police allemande s'est, particulièrement, bien préparée pour canaliser et contrôler les foules de supporters. Les jours de matches, à partir des gares jusqu'aux stades, tout l'itinéraire est surveillé avec une extrême attention par de policiers en tenue. Dans les villes, ce sont surtout les places qui sont soumises à une surveillance à outrance. Des brigades anti-émeutes sont mobilisées mais on ne les voit que lorsque le risque de débordements se fait sentir. Par ailleurs, des helminthes survolent sans cesse l'espace emprunté par les milliers de fans qui déferlent dans une ville. Ce sont ces hélicoptères qui situent les endroits où il y a risque de dérapage. La Coupe du monde 2006 n'a, ainsi, pas été marquée par d'importants incidents. Mais jusqu'a vendredi matin, l'Angleterre et l'Allemagne, deux gros «pourvoyeurs» de hooligans n'avaient pas encore été éliminés. On attendait de voir ce qui allait se produire si cela venait à se réaliser.