Trois mois à peine après avoir gagné de haute lutte le privilège d'organiser les Jeux olympiques de 2008, La Chine vient de réaliser une grande première en coupe du monde en assurant sa présence parmi les nations qui seront en 2002 en Corée et au Japon. Pour la première fois de son histoire l'Empire du milieu se qualifie pour disputer la phase finale. Son sixième engagement dans les éliminatoires a été finalement le bon. Les redoutables adversaires potentiels qu'étaient le Japon et la Corée du Sud écartés car qualifiés d'office en qualité d'organisateurs, la voie avait été quelque peu balisée, d'autant que le tirage au sort pour le deuxième tour éliminatoire avait placé les non moins dangereuses formations d'Arabie Saoudite, d'Iran et d'Irak, ensemble dans la même poule. Cette première présence de l'équipe représentant 1,2 milliard d'habitants est bien plus qu'un simple succès sportif qui, en même temps qu'il ouvre la République populaire à la famille du football, représente une extraordinaire aubaine pour les sponsors avides et multiples qui gravitent autour du sport-roi ou qui profitent de son impact universel. La FIFA, qui vient de se lier avec un nouveau partenaire marketing et publicité, après la faillite retentissante de son ex-enfant privilégié ISL-ISMM, peut accueillir l'événement avec une énorme satisfaction, elle qui s'est retrouvée empêtrée dans des règlements de comptes particulièrement épineux. Pour le Japon et la Corée, co-organisateurs en proie à de sérieuses difficultés économiques, c'est également un coup de pouce du destin car avec la qualification de la Chine, l'audience cumulée du Mondial 2002 peut atteindre le chiffre fantastique de 60 milliards de téléspectateurs, alors qu'il n'était que de 37 milliards pour la phase finale en 1998 en France. La Chine avait adhéré à la FIFA en 1931 et s'en était retirée en 1954 pour des raisons politiques. Mais 6 participations seulement de la république de Chine depuis sa création en 1949, ne veulent absolument pas dire que le football est un sport nouveau pour cet immense pays. Les chinois pratiquaient déjà dans l'Antiquité un jeu qui ressemble beaucoup à celui que nous connaissons aujourd'hui. Sous le régime de feu Mao Zedong, la pratique de la gymnastique, du tennis de table et du basket-ball était privilégiée, mais le football jusqu'alors réservé à une certaine élite, a, quand même, connu un formidable essor populaire. Mao Zedong décédé en 1976, la Chine réintègre la FIFA en 1979 et s'inscrit aux éliminatoires du Mondial 1982. Sa réapparition au plus haut niveau, manque de peu d'être couronnée par une retentissante participation à la phase finale en Espagne. La sélection se classe seconde de la poule finale de la zone Asie, mais se fait éliminer en match barrage qualificatif par la Nouvelle-Zélande, le représentant de l' Océanie. Le football en Chine progresse lentement et n'enregistre pas de résultats majeurs au niveau international, hormis une place de finaliste de la Coupe d'Asie en 1984. Dans la foulée des grandes réformes économiques lancées par Deng Xiaoping, un championnat professionnel voit le jour le 17 avril 1994. Il sera vendu peu après au géant américain du tabac Philip Morris, sous l'appellation de Marlboro league. Ces actions sont mûrement réfléchies et programmées dans le temps. Notre objectif, souligne le président de la fédération, est de nous qualifier pour la Coupe du monde avant la fin du siècle. Si nous avons ouvert notre football à l'économie de marché, c'est pour accroître notre potentiel et atteindre le niveau mondial le plus tôt possible. 12 formations soit 500 joueurs, participent à ce championnat professionnel. A l'exception du club de l'armée, toutes les équipes sont soutenues par des entreprises d'envergure internationale et sont autorisées à inscrire sur la feuille de match 3 joueurs étrangers sur les 5 qu'elles peuvent engager. Le club le plus huppé est le Shanghaï Shenhua. Il est sponsorisé par la société japonaise Sharp et par l'entreprise d'Etat de l'électricité. Ses moyens colossaux lui permettent d'avoir son propre stade et de commencer à attirer des vedettes internationales comme tout dernièrement le Brésilien Junior Baiano. Le football en Chine a également un grand attrait pour la gent féminine puisqu'elles sont 15 millions de Chinoises à le pratiquer. D'ailleurs, c'est l'équipe féminine qui, en disputant la finale de la Coupe du monde en 1999, a ouvert la voie aux hommes de Bora Milutinovic. Cet entraîneur hors du commun est le premier à participer à 5 phases finales consécutives avec 5 sélections nationales différentes. Cela a commencé en 1986 avec le Mexique et continué avec le Costa Rica en 1990, puis les USA en 1994 et le Nigeria en 1998. Ses détracteurs (jaloux?) disent de lui qu'en 1986 et 1994 il était à la tête des équipes des 2 pays organisateurs qualifiés d'office et que le Costa Rica et le Nigeria avaient déjà leur billet en poche avant sa venue. Pour sa défense, il faut quand même souligner que le technicien serbe vient de réussir avec la Chine et qu'en 1998 il avait quitté le Mexique à 3 journées de la fin des éliminatoires alors que l'équipe était déjà qualifiée pour la France. Quels que soient les critiques ou les éloges, il est certain qu'aucun autre sélectionneur n'a réussi une performance similaire à celle de Bora Milutinovic. Les Allemands Sepp Herberger et Helmut Schön, l'Anglais Walter Winterbottom et le Hongrois Lajos Baroti n'en ont chacun disputé qu'une en tant que sélectionneurs. Ce record est d'autant plus remarquable que le Serbe n'a jamais dirigé 2 fois la même sélection. Pour lui, s'il est maintenu, ce qui n'est pas encore très sûr, ainsi que pour l'équipe de Chine, il s'agit maintenant de démontrer que leur présence parmi les 24 meilleures formations mondiales est le fruit d'un travail de longue haleine et qu'elle n'est pas du tout usurpée Les prochains résultats confirmeront-ils ces progrès certains?