Une délégation sera reçue par des députés français siégeant au Parlement européen, au siège de l'Assemblée nationale française à Paris. C'est ce qu'ont indiqué des sources sûres à L'Expression, annonçant que le rendez-vous est fixé pour le 22 février prochain. Les délégués des ârchs seront les hôtes de parlementaires, généralement issus de la gauche française, tel le député vert, Noël Mamère. De plus, l'on notera la participation à cette rencontre d'un député de droite, en la personne de Alain Medelin. Cette entrevue vient couronner les efforts visant à donner un écho international à la contestation en Kabylie, déployés par ceux qu'on qualifie de radicaux des ârchs. On se souvient, en effet, au tout début des événements, que des manifestations de soutien aux manifestants en Kabylie, ont été organisées dans la capitale française. Toujours dans le chapitre de l'internationalisation du mouvement, l'on notera une motion proposée par les socialistes européens évoquant un soutien «au peuple berbère d'Algérie». Une expression, considérée par l'ensemble de la classe politique algérienne comme une ingérence caractérisée dans les affaires internes de l'Algérie. Le tollé général qu'a soulevé la petite phrase européenne a poussé l'UE à préciser qu'une cinquantaine de députés seulement ont voté la fameuse motion. Même le FFS qui, habituellement appelle à l'intervention de la communauté internationale dans la crise que traverse le pays, a joint sa voix à celles des autres partis politiques. La réaction unanime de la classe politique nationale a refroidi les ardeurs des partisans de l'internationalisation des événements de Kabylie. Cependant, l'accalmie a été de courte durée, puisque les radicaux des ârchs ont renouvelé leur tentative, en adressant une lettre à la représentation de l'ONU à Alger, en sus de fréquentes correspondances aux organisations internationales des droits de l'Homme. La rencontre du 22 février prochain est à mettre dans le cadre de cet effort, vraisemblablement acharné à donner une suite internationale au mouvement. Visiblement, l'objectif poursuivi par les promoteurs de cette démarche est de faire pression sur les pouvoirs publics. Cependant, l'on voit mal les pays de l'Union européenne, qui, depuis le 11 septembre, sont des alliés objectifs de l'Algérie, agir d'une manière ou d'une autre, sur l'issue de la crise en Kabylie. Quoi qu'il en soit, la visite des ârchs à Paris tombe à point nommé pour des politiques français, à quelques encablures des prochaines élections législatives et l'élection présidentielle, dont le député vert, Noël Mamère, est doublement candidat. Il y a, en effet, au sein de la classe politique de l'Hexagone, une sorte de course à l'électorat d'origine maghrébine. Alain Madelin, traditionnellement éloigné du «cas Algérie», en course pour la magistrature suprême et pour un poste à l'Assemblée nationale, ne semble pas insensible à l'électorat franco-algérien d'origine kabyle. Les délégués des ârchs qui n'ignorent sans doute pas cette donne électoraliste spécifique à la classe politique française, à la veille de chaque consultation électorale, semblent disposés à en user, histoire de porter leur message au sein des arcanes de la politique européenne. L'initiative des députés français, pour aussi électoraliste qu'elle soit, n'en aura pas moins des conséquences fâcheuses au plan des relations algéro-françaises. La réaction d'Alger, comme de coutume en pareil cas, ne se fera sans doute pas attendre. L'on évoquera pour la énième fois une tentative manifeste d'ingérence dans les affaires intérieures de l'Algérie, au risque de ternir des relations qui, faut-il le rappeler, ont pris des couleurs depuis les attentats antiaméricains.