Les prix du pétrole ont-ils repris des couleurs? La question se pose parce qu'ils ont connu une hausse significative, hier. Les séances laborieuses avec des hauts et des bas avant que ne se produise un coup de rein qui leur permet d'effacer leurs déboires de la semaine et de terminer en hausse sur le fil comme dans un sprint époustouflant ont subi un coup d'arrêt notoire. Ce fut le cas hier. Une journée décisive qui illustre ce type de scénario. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a grimpé, à 16h 30, de 3,37 dollars à 110,51 dollars. Le baril de West Texas Intermediate WTI) américain pour livraison le même mois a gagné pour sa part 4,41 dollars à 101,83 dollars. Le pétrole est «étonnamment ferme», a souligné Jeffrey Halley, analyste chez Oanda. Pourtant, une série de données macroéconomiques défavorables aux Etats-Unis «ont intensifié les craintes que l'économie mondiale ne se dirige vers une récession», note Stephen Brennock, analyste chez PVM Energy. Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis s'est de nouveau contracté au deuxième trimestre de 0,9% en rythme annualisé, selon les chiffres publiés jeudi, ce qui accroît les risques de voir la première économie du monde entrer en récession. Il s'agit du deuxième trimestre consécutif de croissance négative. «La faiblesse du dollar américain a permis (au pétrole) d'ignorer la contraction surprise de l'économie américaine», a relevé pour sa part Han Tan, analyste chez Exinity. Le dollar américain baissait face à l'euro après l'annonce de la Réserve fédérale (Fed) mercredi, du rehaussement de ses taux directeurs de 75 points de base, une décision largement anticipée. Son président Jérôme Powell a de plus laissé entendre qu' «à un certain point, il sera approprié de ralentir» le mouvement. «L'étroitesse des marchés pétroliers, la demande mondiale ne s'étant pas encore totalement rétablie alors que les contraintes de l'offre persistent, laisse présager une tendance à la hausse des cours de l'or noir», a poursuivi Han Tan. Les investisseurs attendent désormais la prochaine réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs dix partenaires de l'Opep+ en visioconférence à Vienne, siège du cartel, après les appels du pied du président américain Joe Biden vers l'Arabie saoudite pour ouvrir davantage leurs vannes. «Avec la réunion de l'Opep+ la semaine prochaine, (le brut) pourrait consolider ses récents gains au cours des prochaines sessions», a estimé Jeffrey Halley. L'Opep et ses partenaires ne céderont vraisemblablement pas à la pression des pays gros consommateurs d'or noir, de la France, notamment qui souhaiteraient voir l'Opep+ ouvrir abondamment ses vannes. L'échange entre le chef de l'Etat français et le président des Emirats arabes unis l'émir Mohammed ben Zayed Al Nahyane confirment cette hypothèse. «Il m'a dit deux choses: la première je suis au maximum, maximum... Et puis il a dit que les Saoudiens pouvaient augmenter de 150 (mille barils par jour). Peut-être un peu plus, mais ils n'ont pas d'énormes capacités avant six mois», avait susurré Emmanuel Macron à l'oreille du président des Etats- Unis, Joe Biden, en marge du sommet du G7 qui s'est tenu du 26 au 28 juin à Elmau en Allemagne. «Si cela s'avère exact, cela signifie que la production de pétrole de l'Opep en juillet et août n'augmentera pas davantage, malgré l'accord récent de pomper plus de brut que prévu», avait fait remarquer Stephen Brennock, analyste pour PVM Energy qui a rappelé que la capacité de réserve de l'Opep+ a été signalée cette semaine comme étant beaucoup moins importante que prévu, ce qui renforce les craintes concernant l'offre. Il faut rappeler aussi que les «23» ont dérogé à leur stratégie qui consistait d'augmenter leur production d'environ 400000 barils par jour depuis pratiquement une année lors de leur dernier sommet qui s'est tenu le 2 juin. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) avaient décidé d'augmenter leur production pétrolière globale pour le mois de juillet de 648000 barils/jour. Les premiers échos qui nous sont parvenus indiquent que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés n'ouvriront pas généreusement leurs vannes.