Certaines de ses chansons sont devenues tout simplement mythiques. D'autres sont de véritables hymnes à l'amour. Il était temps qu'un livre soit écrit sur ce monument de la culture. Et c'est un spécialiste exceptionnel et non des moindres de la chanson qui en est l'auteur. Il s'agit du brillant ethnomusicologue Mehenna Mehfoufi. Ce dernier est l'un des meilleurs spécialistes en la matière. Il est docteur en ethnomusicologie de l'université Paris X-Nanterre/Cnrs Musée de l'Homme-Paris. Il a publié de nombreux livres sur des figures de proue de la chanson kabyle dont Cheikh El Hasnaoui. Ses livres les plus récents sont «Slimane Azem, l'impossible retour» et «Musiques en héritage et société dans les villages de la Kabylie». Une carrière musicale d'un demi-siècle Dans ce livre qui fera sans doute le bonheur des fans de Youcef Abdjaoui, mais aussi des lecteurs de manière générale, l'auteur Mehenna Mahfoufi rappelle que Youcef Abdjaoui de son vrai nom Mohand-Arezki Alliouche est arrivé à la chanson en 1949. Youcef Abdjaoui qui nous a quittés précocement en 1996, jouait déjà de la guitare en cachette de ses parents, révèle Mehenna Mahfoufi. Puis, ajoute ce dernier, Youcef Abdjaoui répond à un appel de la radio dans le cadre de l'émission radio-crochet devenue, après l'indépendance, Les chanteurs de demain (Ighenayen n uzekka). Dès le départ, le grand artiste opte pour un pseudonyme: Youcef Abdjaoui. De Bgayet, raconte Mehenna Mahfoufi, il se rend à Alger, et en 1950, il traverse la Méditerranée. Il séjourne à Paris pendant une période d'environ dix mois puis il entama une carrière musicale qui a duré près d'un demi-siècle, ajoute l'auteur. En 1959, en pleine guerre de Libération nationale, il s'installe en France en tant que travailleur émigré et devient en même temps collecteur de fonds de la Fédération de France du Front de Libération nationale (FLN), rapporte l'auteur en ajoutant que, dénoncé à la police parisienne, Youcef Abdjaoui entre dans la clandestinité. Un artiste fécond «Mais vers novembre 1961, le FLN l'exfiltre vers la Tunisie où il intègre la troupe artistique du FLN/ALN basée à Ghardimaou», souligne l'auteur en précisant que dans le cadre des activités de cette troupe, Youcef Abdjaoui, tout comme Farid Ali, aura le loisir de chanter dans sa langue maternelle: le kabyle. Revenu au pays à l'indépendance, Youcef Abdjaoui continue à produire des chansons qui traitent de thèmes divers: sociaux, politiques et religieux. En plus donc de la masse d'informations et de l'analyse que fait l'écrivain de l'oeuvre et du parcours de Youcef Abdjaoui, le lecteur aura l'agréable surprise de découvrir une interview inédite du regretté artiste réalisée à peine deux mois avant son décès. L'analyse de l'oeuvre de Youcef Abdjaoui, basée sur 121 textes extraits de sa riche production, révèle un artiste fécond qui fût un témoin de son temps, conclut Mehenna Mahfoufi dont le titre du livre est: «Youcef Abdjaoui ou la chanson kabyle chevillée au coeur». Le regretté Youcef Abdjaoui est né le 16 décembre 1932 au village Ath Allouane (Akfadou) dans la wilaya de Béjaia. Parmi ses chansons-cultes, on peut citer «Yegguma wul akem-yetsu», «Tit d wul», «Ayghar inid ayghar», «Qim kan qim» en hommage à son ami Matoub Lounès, «Refdagh-d lkas», etc.