L'hexagone refuse toujours de se repentir et reconnaître ses crimes de guerre perpétrés en Algérie. Paris tourne le dos à son passé colonial. La France a refusé, hier d'admettre l'option de repentance et de reconnaître ses crimes de guerre perpétrés en Algérie. «Je n'ai pas de commentaire particulier sur les déclarations du président Bouteflika», a indiqué, hier, à la presse le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi. Ce dernier s'est montré plus évasif que son chef Philippe Douste-Blazy. «Comme Philippe Douste-Blazy l'a dit à plusieurs reprises, et comme le président Bouteflika le souligne dans ses dernières déclarations, l'écriture de l'Histoire relève de la seule compétence des historiens». Cela est une réponse directe et très officielle à la dernière sortie du président Bouteflika qui a qualifié la colonisation française en Algérie (1830-1962) «des formes de colonisation les plus barbares de l'Histoire». Puisque le porte-parole du ministère des Affaires étrangères français a parlé de l'écriture de l'histoire, le président n'a justement pas besoin de faire référence aux archives pour argumenter la torture et les crimes français contre les Algériens. Cette nouvelle fuite en avant du Quai d'Orsay n'arrange ni les rapports entre les deux pays ni même la volonté de la France d'aller vers la signature du traité d'amitié. L'onde de choc qu'a provoquée la loi du 23 février 2005 dernier, glorifiant le rôle positif de la colonisation, ne cesse de mettre la France dans une zone de turbulences. Les crimes de la France non reconnus, du moins jusqu'à l'heure actuelle, ne font pas avancer les choses pour aboutir à des relations spéciales entre les deux pays. Car, «la destruction et les violations flagrantes des droits naturels et civiques les plus élémentaires du peuple algérien» ne sont permises par aucune loi. Une fois de plus, en faisant référence à la réplique du responsable français, la «repentance» française n'est ni pour aujourd'hui ni pour demain. Ce qui laisse la parenthèse grande ouverte sur les futurs rapports entre les deux pays. Le président de la République n'a d'ailleurs pas fait allusion au traité d'amitié franco-algérien. Cependant, la France s'agrippe sans relâche à son projet. Interrogé sur cette question, Jean-Baptiste Mattéi a répondu que «la France se contente de conserver l'objectif de conclure ce traité d'amitié comme l'a dit le ministre (M.Douste-Blazy) lors de son déplacement en Algérie en avril dernier». Il n'y a pas longtemps, le président Bouteflika avait conditionné, à l'occasion des festivités commémoratives du cinquantenaire du 19 mai 1956, la signature du traité d'amitié entre les deux pays par des excuses officielles de la France aux Algériens. «Il est aujourd'hui de notre devoir envers le peuple algérien et les chouhada, de réclamer des excuses officielles de la part d'une nation dont la devise révolutionnaire a de tout temps été liberté, égalité, fraternité», a rappelé le président de la République. Bien avant lui, l'actuel chef du gouvernement avait carrément ouvert le feu à l'adresse du chef de la diplomatie française. «La diplomatie française nous avait habitués à plus de compétence, à plus d'objectivité; nous regrettons le comportement émanant d'un responsable politique qui occupe un poste aussi important», c'est ainsi qu'a répliqué Abdelaziz Belkhadem à Philippe Douste-Blazy qui a reproché à Bouteflika son expression «génocide identitaire» alors qu'il venait chez eux pour leur médecine. Une telle réaction de la part d'un diplomate français n'augure rien de bon pour les rapports futurs des deux pays, ni d'ailleurs la politique de petites doses appliquée par la France.