Sans la repentance, il n'y aura point de nouvelle page dans les relations entre l'Algérie et la France. Le secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Saïd Abadou, hausse le ton. «Il n'est pas question de tourner la page avec la France sans contrepartie», a-t-il martelé lors de son intervention, hier, devant les parlementaires à l'occasion de la commémoration du 48e anniversaire des événements du 17 Octobre 1961. M.Abadou s'est dit favorable au renforcement des relations et à l'ouverture d'une nouvelle ère avec la France, mais il pose des conditions: la reconnaissance des crimes, la repentance, l'indemnisation des victimes et la restitution de toutes les archives de la Révolution nationale. Ce sont les principales conditions que doit respecter le gouvernement français pour fermer la parenthèse sur le passé. Pour lui, c'est la seule voie qui permette d'ouvrir une nouvelle étape dans les relations avec la France. «Toute tentative visant à ouvrir une nouvelle étape sans l'acte de repentance sera vouée à l'échec.» Voulant transmettre un message très clair aux parties concernées, M.Abadou affirme qu'aucune action ne peut dissimuler ou annuler ce qu'a fait la France coloniale en Algérie. Dans ce sens, l'ancien ministre des Moudjahidine a rappelé les différentes déclarations des responsables français à travers lesquelles ils ont refusé l'acte de repentance. Le président français, Nicolas Sarkozy, avait déclaré, lors de sa dernière visite officielle à Alger en 2007, qu'il n'est pas venu pour demander des excuses. En mettant l'accent sur la position du gouvernement français, M.Abadou persiste: «Il est de notre responsabilité en tant qu'Etat de maintenir les revendications légitimes de notre peuple pour amener la France à reconnaître ses crimes et demander des excuses.» Le représentant de la famille révolutionnaire a mis l'accent sur la position du président de la République qui reste attaché au principe de la repentance. «Si, par le passé, l'occupant a bafoué les valeurs humaines en commettant des génocides parmi les populations et en perpétrant des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité par la spoliation de la terre et de la mémoire, la Révolution a, elle, respecté les lois régissant les situations de guerre et les clauses des conventions internationales dont celle de Genève», a déclaré le président dans un message lu par son représentant personnel à l'occasion de la célébration de l'anniversaire du Congrès de la Soummam le 20 août dernier. Cette déclaration était une réplique directe aux propos de certains responsables français qui ont tenté de falsifier l'histoire et de porter atteinte à la lutte menée par le FLN. Dans son discours, M.Abadou a également souligné l'importance de la réécriture de l'histoire. Le devoir de mémoire impose davantage aux historiens, aux chercheurs et aux institutions de l'Etat de poursuivre la recherche de documents sur l'histoire authentique de la Révolution afin de la transmettre aux nouvelles générations. D'autres témoins qui ont vécu les événements du 17 Octobre 1961 en France ont plaidé en faveur de la repentance et de la préservation de la mémoire des chouhada à travers l'écriture de l'histoire. Le président de l'Assemblée nationale a, quant à lui, fait l'impasse sur ce sujet. Dans une déclaration lue par le président de la commission parlementaire des affaires étrangères, M.Ziari s'est contenté de relever l'atrocité du colonialisme sans pour autant évoquer l'acte de repentance.