Commencée par une visite en Afrique du Sud, la tournée du secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, en Afrique subsaharienne n'est pas de tout repos. Lors d'une conférence de presse commune, à Pretoria, son homologue sud-africaine, Naledi Pandor, n'y est pas allée avec le dos de la cuillère pour reprocher à la diplomatie occidentale son deux poids, deux mesures. Accusant les puissances occidentales d'adopter, sans cesse, une démarche «condescendante» et «intimidante» envers les pays africains, Naledi Pandor a brandi l'exemple de l'Ukraine pour le soutien de laquelle le monde occidental a déversé des centaines de milliards de dollars et mené une guerre multiforme contre la Russie tandis que, dans le cas de la Palestine, on assiste à un tout autre son de cloche! Aussi, Mme Pandor a-t-elle clairement indiqué au diplomate américain que «l'Afrique du Sud a des points de vue différents des Etats-Unis à la fois sur l'Ukraine, la Chine, Israël et les Palestiniens». Elle n'a pas hésité, en référence à la récente agression barbare de l'entité sioniste contre Ghaza et aux exactions continuelles dans la Cisjordanie illégalement occupée, à dénoncer un «véritable apartheid», le même dont a souffert le peuple sud-africain, a-t-elle tenu à souligner. Blinken qui était, hier, en RDC et doit se rendre, aujourd'hui, au Rwanda aura vu sa démarche quelque peu contrariée, même s'il avait pris soin d'indiquer, avant son arrivée en terre africaine, que «l'engagement des Etats-Unis envers un partenariat plus fort avec l'Afrique ne consiste pas à essayer de surpasser les autres», allusion à la tournée effectuée par le MAE russe, Sergueï Lavrov, le mois dernier, dans la région. Partenaire de la Russie au sein du BRICS, l'Afrique du Sud qui a affiché sa neutralité à l'ONU durant les votes sur l'Ukraine a exprimé, par la voix de sa MAE Naledi Pandor, que «la communauté internationale, dans ses approches différentes des conflits conduit parfois au cynisme» et elle déplore, par-dessus tout, le sort infligé au peuple palestinien par une entité criminelle et raciste. L'objectif de Blinken était, sans doute, de convier l'Afrique du Sud à rallier le camp occidental mais la nouvelle stratégie américaine pour l'Afrique sud-saharienne a fait chou blanc, tant l'ambiance des discussions aura été difficile. Mme Pandor a, en effet, critiqué le projet de loi US adopté en avril dernier, «Countering Malign Russian Activities in Africa Act» destiné à punir les Africains qui ne s'alignent pas sur la position anti-russe dans le conflit ukrainien. Quant à la question de Taïwan, elle a rétorqué simplement que l'Afrique du Sud n'entend pas être partie prenante du conflit entre les USA et la Chine. En somme, les échos de ce qu'il s'est passé à Pretoria vont-ils influer, sans nul doute, sur le déroulement du périple en RDC et au Rwanda, tandis qu'aux Etats-Unis, les dirigeants ont réagi par...un silence éloquent...