L'Algérie est un pays à stress hydrique, le fait est bien connu. Le stress hydrique c'est lorsque les ressources en eau disponibles sont inférieures à la demande. À l'horizon 2025, l'ONU prévoit qu'un tiers de la population mondiale sera concerné par ce problème. L'Algérie figure parmi les pays touchés par ce manque d'eau. La problématique de l'eau est d'ailleurs régulièrement au menu des réunions et des études organisées par les organisme de prospective et d'analyse du pays, tels le Conseil national économique, social et environnemental, Cnese. Il y a stress hydrique lorsque la disponibilité de l'eau, par habitant et par an est de moins de 1 700 mètres cubes, et pénurie d'eau lorsque cette disponibilité de l'eau tombe sous le seuil de 1 000 mètres cubes. En Algérie, la quantité d'eau disponible par habitant et par an, est, bon an mal an, de 450 mètres cubes, selon une estimation du professeur Ahmed Kettab, directeur de recherche à l'Ecole nationale polytechnique d'Alger. Ce dernier précise que ce taux est atteint, suite à la mobilisation des eaux des barrages, des ressources en eau souterraines du Nord et du Sud et du dessalement de l'eau de mer. Cet expert rappelle qu'en 1962, les Algériens avaient 1 500 m3 par habitant et par an. L'Algérie connaît donc régulièrement des épisodes de sécheresse annonciatrice de carence en eau potable. L'été 2021 aura ainsi été particulièrement pénible, avec son lot de misères quotidiennes comme le recours aux citernes et au rationnement de l'eau potable. En fait, le pays a pris conscience de cette réalité, au début de ce troisième millénaire, puisqu'en 2001 déjà, et suite à l'alerte sécheresse, les autorités du pays avaient dû faire face à la crise et lancé de nombreux projets, dictés par l'urgence des plans ad hoc. Fort d'une manne initiale de 50 milliards de dollars, le pays s'était mis à construire des barrages et des stations de dessalement... Il faut dire qu'au fil des ans, l'Algérie aura plutôt su négocier de dangereux virages imposés par une situation hydrique critique, somme toute commune quasiment au monde entier, conséquence directe du réchauffement climatique que connaît la planète. Le déploiement de parades, finalement efficaces, aura permis à l'Algérie d'éviter de pires scénarii, notamment des émeutes accompagnées de violences comme cela s'est vu dans certains pays, à l'instar de l'Iran. Il faut en effet, bien admettre que la volonté politique de vaincre le spectre de la sécheresse a été de tous les instants et à l'échelle de tout le territoire national. L'on en veut pour preuve la construction de stations de dessalement produisant deux millions de mètres cubes d'eau potable par jour, la construction de barrages, à l'instar du plus grand barrage du pays, à Beni Haroun, avec une capacité de près d'un milliard de mètres cubes et la réalisation de projets pharaoniques qui sont à inscrire à l'actif de ce poids lourd des entreprises algériennes qu'est le groupe public BTP Cosider. Ce dernier, a, rappelons-le, réalisé les travaux titanesques ayant permis le transfert de l'eau d'In Salah à Tamanrasset, sur une distance de près de 1 000 km, afin d'éliminer la hantise de la soif dans le Hoggar. Ce méga-projet a coûté 1,9 milliard d'euros. Désormais, et au stress hydrique, l'Algérie aura recours résolument aux «eaux non conventionnelles», notamment le dessalement de l'eau de mer et le traitement des eaux usées. Le premier procédé se révèle être finalement une option incontournable pour l'Algérie et ce d'autant que les prévisions du Centre de recherche de dessalement au Moyen-Orient indiquent que l'Algérie devrait se classer derrière l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et les USA en termes de capacité de production d'eau potable, à partir de l'eau de mer. Rappelons, à ce titre, que le ministre des Ressources en eau, Karim Hasni, a estimé que «le règlement du problème de déficit en eau, en période de sécheresse notamment, passe par le recours au dessalement de l'eau de mer, ceci d'autant plus que 90% des citoyens vivent près et le long de la bande littorale». Il a fait cas, à cet effet, du lancement d'un avis d'appel d'offres pour la réalisation de trois stations de dessalement de l'eau de mer, qui s'ajouteront à quatre, actuellement en chantier et à 11 autres opérationnelles, signalant que son département prévoit une production de deux milliards de m3 d'eau de mer dessalée, à l'horizon 2030.