Alger mise désormais sur les milieux d'affaires pour s'imposer sur la scène internationale. Parmi les instruments de la guerre cognitive qui détermine, depuis les deux dernières décennies, l'hégémonisme des puissances telles que les Etats-Unis, le lobbying est une arme offensive de première importance. Elément essentiel dans la promotion de l'image d'un pays sur les plans économique, politique, militaire et culturel, il semble être la nouvelle «méthode persuasive» pour la diplomatie algérienne. Cette dernière, voulant opérer une rupture radicale avec la vision traditionnelle et passive de l'action diplomatique, mise désormais sur les milieux d'affaires pour s'imposer sur la scène internationale. Au moment où des pays voisins ont accompli un travail colossal en matière de lobbying, l'Algérie qui vient de sortir d'une longue période de convalescence générée par plus d'une décennie de terrorisme aveugle, doit soigner son image en inscrivant son action diplomatique dans une stratégie nationale de défense de ses intérêts. Ainsi, et conformément aux orientations du chef de l'Etat aux représentations algériennes à l'étranger, un certain nombre d'actions sont mises en branle. L'installation, la semaine dernière, du caucus Algérie du Congrès des Etats-Unis rentre dans le cadre de cette stratégie de redéploiement de l'appareil diplomatique algérien. Plus qu'un groupe parlementaire d'amitié où un lobby, le caucus se veut un regroupement de parlementaires, membres des deux chambres du Congrès des Etats-Unis, toutes tendances politiques confondues, qui ont à coeur de donner aux relations algéro-américaines, à court terme, une dimension nouvelle à la mesure des importantes possibilités de coopération, de partenariats et d'investissements qu'ils développent ou qu'ils peuvent développer, au bénéfice de leurs pays et de leurs peuples, a indiqué le congressiste Ed Royce, président de la sous-commission Afrique, ce sénateur qui a effectué en janvier 2005 une visite de travail dans notre pays et après avoir pris connaissance des réformes initiées, la réconciliation nationale et l'amélioration de la situation sécuritaire. D'ailleurs, à l'issue de l'installation du caucus algérien, l'ambassadeur d'Algérie à Washington a exposé l'expérience algérienne en matière de lutte antiterroriste. Il convient de rappeler, par ailleurs, que les visites d'officiers supérieurs de l'ANP à l'étranger, notamment aux Etats-Unis et en Europe, visent à informer sur l'expérience algérienne en matière de lutte antiterroriste et de professionnalisation de l'armée. Une institution qui, outre sa mission de défense de l'intégrité territoriale, s'implique désormais dans la préservation de la sécurité régionale et internationale. La coopération avec l'Otan et sa participation à des manoeuvres, aussi bien dans la région du Sahel qu'en mer Méditerranée, entrent dans le cadre de la guerre préventive contre le terrorisme, mise en oeuvre depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Le travail de lobbying ne concerne pas seulement les Etats-Unis, puisque même en France un lobby algérien articulé autour de l'association France-Algérie est en passe de voir le jour. Une réalité rendue possible grâce au travail de sensibilisation mené par l'actuel ambassadeur d'Algérie en France, M.Missoum Sbih, en direction des milieux d'affaires, dans le sillage de la concrétisation du traité d'amitié algéro-français. Les compétences algériennes existent en France pour peu qu'elles activent dans un cadre fédérateur, pour conférer à leur action plus de force. Cette opération de marketing médiatique et de lobbying en direction des décideurs européens et algériens-le politique et l'économique étant intimement liés -ce marketing ne pourra avoir qu'un impact positif sur les relations économiques entre l'Algérie, et l'Europe en général, et la France en particulier, indique l'eurodéputé d'origine algérienne Tokia Saïfi qui était, il y a quelques mois, l'invitée de A coeur ouvert avec L'Expression. D'autant plus, estime-t-elle, que «l'Algérie n'est pas en situation de quémandeur de subsides financiers». L'Algérie qui recèle d'énormes potentialités dans divers domaines compte d'abord se placer sur le plan régional. En effet, pour la première fois, une délégation d´hommes d´affaires algériens prendra part au 9e colloque du Groupement d´affaires arabe, prévu en décembre prochain à Doha (Qatar), après l´accord d´adhésion de l´Algérie à l´Union des hommes d´affaires arabes qui compte actuellement 15 membres. La délégation algérienne sera constituée de chefs d´entreprise des deux secteurs public et privé, membres de la Chambre de commerce, outre le Forum des chefs d´entreprise et d'industrie, sous la présidence d´un membre du gouvernement et en coordination avec le bureau Sabah installé à Alger au service des investisseurs et qui aura pour mission d´appuyer et de faciliter la participation algérienne au colloque. L´objectif visé par la participation des hommes d´affaires algériens à ce colloque est de faire connaître le marché algérien ainsi que l´attraction du plus grand nombre possible d´investisseurs arabes, notamment des pays du Golfe, connus pour avoir un important excédent financier. En somme, l'Algérie qui commence à sortir de la violence terroriste et à rétablir sa stabilité, a besoin, plus que jamais, de relais à l'étranger pour attirer les investisseurs potentiels qui gardent de l'Algérie une image d'un pays à feu et à sang.