Le président russe Vladimir Poutine a accepté vendredi que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) envoie une mission à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, disant craindre que les bombardements ne finissent par provoquer une «catastrophe de grande envergure». Dans le même temps, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, en visite en Ukraine, a demandé à la Russie de ne pas couper du réseau ukrainien cette centrale que son armée occupe depuis début mars, et qui est devenue la cible, ces dernières semaines, de frappes dont Moscou et Kiev s'accusent mutuellement. «Bien évidemment, l'électricité de Zaporijjia est une électricité ukrainienne (...) ce principe doit être pleinement respecté», a dit Guterres en marge d'un déplacement à Odessa, le grand port ukrainien sur la mer Noire. «Le bombardement systématique (...) du territoire de la centrale nucléaire de Zaporijjia crée un danger de catastrophe de grande envergure qui pourrait conduire à la contamination radioactive de vastes territoires», a de son côté mis en garde vendredi le président russe à l'occasion d'une conversation téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron. Poutine et Macron ont dans ce contexte «relevé l'importance d'envoyer dans les plus brefs délais une mission de l'Agence internationale de l'énergie atomique à la centrale nucléaire, qui pourra évaluer la situation sur place», a informé le Kremlin, soulignant que «la partie russe a confirmé être prête à fournir toute l'assistance nécessaire aux inspecteurs» de l'AIEA. Le chef de l'Etat russe a en outre accepté que ces derniers passent «par l'Ukraine» et non par la Russie, ce qu'il exigeait auparavant. Dans un communiqué, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Rafael Grossi, s'est «félicité des récentes déclarations indiquant que l'Ukraine et la Russie soutenaient l'objectif de l'AIEA d'envoyer une mission» à Zaporijjia. Cette organisation «est en consultation active avec toutes les parties» pour y dépêcher «dès que possible» une équipe que Grossi «dirigera lui-même», selon ce texte diffusé dans la soirée. «Dans cette situation hautement volatile et fragile, il est d'une importance vitale qu'aucune nouvelle action ne soit entreprise qui pourrait mettre davantage en danger (...) l'une des plus grandes centrales nucléaires du monde», a insisté le patron de l'AIEA. La visite de Guterres a été marquée par un autre sujet qui préoccupe la planète: les exportations de céréales ukrainiennes. Bloquées après l'opération russe, ce qui a fait planer le spectre d'une crise alimentaire mondiale, elles ont repris à la suite d'un accord entre Moscou et Kiev en juillet. Parallèlement, le géant Gazprom avertissait que les livraisons de gaz russe à l'Europe par le gazoduc Nord Stream 1 seraient interrompues du 31 août au 2 septembre pour des raisons de «maintenance», au risque de raviver la peur d'une pénurie en Europe.