Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) s'est dit prêt à se rendre en Ukraine afin de négocier une solution pour garantir la sécurité des sites nucléaires mis en danger par la guerre. La plus grande centrale atomique d'Europe, Zaporijjia, en Ukraine, a été touchée hier par des frappes de l'armée russe qui ont provoqué un incendie, mais sa sécurité est "garantie" selon Kiev, qui a accusé Moscou d'avoir recours à la "terreur nucléaire". Selon Kiev, des tirs de chars russes sur la centrale ont mis le feu à un bâtiment consacré aux formations et à un laboratoire. Les services de secours ont indiqué avoir pu accéder au site et éteindre l'incendie à 6h20 (4h20 GMT), après en avoir été un temps empêchés par les soldats russes. "La sécurité nucléaire est maintenant garantie", a affirmé sur Facebook Oleksandre Staroukh, chef de l'administration militaire de la région de Zaporijjia. L'attaque n'a fait aucune victime, ont indiqué les secours ukrainiens sur Facebook. Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce sont des chars russes qui ont ouvert le feu sur la centrale. "Ces chars sont équipés de viseurs thermiques donc ils savent ce qu'ils font, ils s'étaient préparés", a-t-il affirmé dans une vidéo publiée par la présidence ukrainienne. Les niveaux de radioactivité restent inchangés sur le site de la centrale, qui compte six réacteurs nucléaires et fournit une grande partie de l'énergie du pays, a indiqué de son côté l'AIEA, qui ajoute qu'aucun équipement "essentiel" n'a été endommagé. Le chef de l'AIEA s'est dit prêt, hier, à se rendre en Ukraine afin de négocier une solution pour garantir la sécurité des sites nucléaires mis en danger par la guerre. "J'ai indiqué à la Fédération russe et à l'Ukraine ma disponibilité à me rendre à Tchernobyl dès que possible", a déclaré Rafael Grossi, lors d'une conférence de presse organisée en urgence à Vienne après les bombardements des forces russes contre une centrale du sud du pays. "Les deux parties examinent l'offre", a-t-il ajouté. "Les systèmes de sécurité des réacteurs n'ont pas été affectés", a précisé M. Grossi. Les outils pour surveiller les niveaux de radiation sont également "pleinement opérationnels". "Toutefois, la situation continue d'être extrêmement tendue et difficile", a souligné le directeur de l'AIEA, qui alerte depuis le début de l'invasion russe sur le risque d'un grave accident nucléaire. "C'est une situation sans précédent", a-t-il répété, alors que c'est la première fois qu'un conflit militaire se déroule dans un pays doté d'un large programme nucléaire. L'Ukraine dispose de quinze réacteurs dans quatre centrales et plusieurs autres sites. Celui de Tchernobyl, lieu de la pire catastrophe nucléaire de l'histoire, en 1986, est tombé aux mains des troupes russes la semaine dernière. En se rendant sur place, Rafael Grossi espère "avoir une meilleure idée et être plus efficace". "L'idée est de parvenir à un accord sur un cadre" pour garantir la sécurité des sites nucléaires, a-t-il insisté, conscient qu'un tel voyage "ne sera pas facile vu les circonstances sur le terrain". "Il est temps d'agir. L'AIEA doit faire quelque chose sur ce qui se passe et pas se contenter de tweeter", a-t-il conclu. Un éventuel déplacement en Ukraine se déroulerait après sa visite en Iran, prévue samedi dans le cadre d'efforts pour régler un dossier en parallèle des négociations de Vienne visant à sauver l'accord de 2015.