L'avion du président français Emmanuel Macron escorté par des chasseurs de l'Armée de l'air algérienne; c'est le seul président de la Ve République française à avoir bénéficié de cet égard «céleste». C'est dire l'importance accordée à ce voyage de trois jours du Président français en Algérie. Loin d'être un geste anodin tant la visite est qualifiée par les deux Présidents de réussite. Une visite intervenant après presque une année de «brouille» diplomatique entre Alger et Paris. Mais, comme l'a souligné le président Tebboune, la venue de Macron en Algérie «a remis beaucoup de choses à leur place». En effet, le fait de voir le Président français débarquer en Algérie à la fin des vacances, la veille de la rentrée sociale, montre sa volonté d'enterrer au plus vite la hache de guerre. Mais surtout d'entamer une nouvelle page dans les relations algéro-françaises. Une visite de trois jours. Une première dans les annales des visites des chefs d'Etat français en Algérie. Au même titre que la composante de la délégation française. Des «amis de l'Algérie» à l'image d'Arnaud Montebourg, d'hommes d'affaires, mais surtout de jeunes entrepreneurs dont certains portent la double culture, appelés à lier des contacts avec leurs homologues algériens. D'Alger et Oran, Macron a multiplié les gestes d'apaisement et...les symboliques, aussi bien en direction des autorités algériennes qu'envers le peuple. Une visite conclue par la signature de la «Déclaration d'Alger pour un partenariat renouvelé». Une cérémonie précédée par la signature de cinq accords de coopération bilatérale dans plusieurs domaines. Mais le « clou» de la visite a été la tenue, pour la première fois de l'Histoire, de la réunion des responsables des services de sécurité des deux pays. Une rencontre de haut niveau présidée par les deux chefs d'Etat. Le début d'une longue série de réunions du même genre. «Les deux parties ont procédé à un échange de vues sur les questions de sécurité d'intérêt pour les deux pays», a souligné la présidence de la République. Une réunion confirmant «la volonté des deux Présidents de développer les relations bilatérales dans divers domaines pour les hisser au niveau escompté». D'ailleurs, les discussions entre les deux Présidents sur les questions inhérentes aux deux parties ont duré «jusqu'à tard dans la nuit», a précisé Macron. Ils ont également eu un nouveau tête-à-tête à la fin de la visite. Beaucoup de choses ont été abordées afin de pouvoir ouvrir la page de la réconciliation. Un rapprochement qu'Emmanuel Macron ne veut pas «contenter» dans l'officiel. Il a aussi voulu se «rabibocher» avec les Algériens en jouant la carte de la jeunesse. Il a multiplié les appels en direction de la jeunesse des deux pays. «C'est par leur rapprochement que passe la réconciliation», a-t-il insisté. Le sport, la culture et l'économie numérique seront les nouvelles passerelles de cette réconciliation. Dans ce sens, Macron a évoqué la possibilité de voir un match amical de football entre l'Algérie et la France, tout en insistant sur une coopération entre les athlètes français et algériens en prévision des Jeux olympiques de 2024 de Paris. Un moyen de faire valoir les valeurs du sport et de l'olympisme pour apaiser les «rancoeurs». Sortant des «sentiers des voyages d'Etat formels», Emmanuel Macron a improvisé, avec la bénédiction des autorités algériennes, des rencontres informelles. Une manière de tâter le vrai «pouls» de la société et sa jeunesse. Il est allé à la rencontre des jeunes entrepreneurs, startuppeurs et porteurs de projets algériens. Une occasion de comprendre l'écosystème algérien et les liaisons qui peuvent être faites avec la «French Tech». À Oran, ville «tendance» des deux côtés de la Méditerranée, Macron s'est «offert» un bain de foule, après avoir rencontré des personnalités locales, à leur tête l'écrivain-journaliste, Kamel Daoud. Mais le clou du spectacle était sa halte au label de la musique raï des années 1980 et 1990, Disco Maghreb. Un petite boutique à l'abandon, il n'y a pas si longtemps, mais devenue mondialement célèbre après le vidéoclip éponyme de la star internationale DJ Snake. Un disc-jockey, au destin fabuleux, porteur de la double culture. Macron a voulu envoyer un message de paix et de réconciliation envers la jeunesse algérienne. Comme le chantait la star de Disco Maghreb, cheb Hasni, «Mazal kayen l'espoir» (Il y a toujours de l'espoir)...