Le président de la 6ème puissance mondiale à Disco Maghreb. Impensable il y a quelques mois tant la petite boutique de ce label de la musique raï des années 1980 et 1990 était à l'abandon. Pourtant, le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, a bien fait une halte dans ce magasin riche en histoire. Beaucoup s'interrogent sur les raisons de cette halte que l'on peut dire hors du commun? En fait, il s'agit là d'une très forte symbolique envoyée par le huitième président de la Vème République française aux jeunes des deux pays. D'abord, du fait que le raï en général, cette boutique en particulier, symbolise une certaine forme de résistance de l'Algérie dans la décennie noire face au terrorisme islamiste. Le raï, comme dans les arts, était un des moyens pour les Algériens de faire face à l'intégrisme qui frappait le pays. Le lourd tribut qu'ont payé ses artistes au même titre que les intellectuels est là pour en témoigner. Cheb Hasni, le chanteur star de Disco Maghreb, fait partie de ceux qui ont perdu la vie pour avoir dit non à cette folie humaine. Lui qui avait chanté devant des milliers de personnes au stade du 5 Juillet à Alger, dans un pays à feu et à sang, «mazal kayen l'espoir» (Il y a toujours de l'espoir). Aujourd'hui, l'Algérie est devenue un havre de paix, symbole qui caractérise à lui seul la victoire contre ce terrorisme, que le monde n'a «découvert» qu'après les attentats du 11 septembre 2001. Renaissant de ses cendres, le pays a entamé un nouveau virage avec l'arrivée de Abdelmadjid Tebboune au pouvoir en décembre 2019. Il s'agit de l'Algérie nouvelle: moderne, puissante où le flambeau sera remis aux jeunes. Justement, Macron a très bien compris qu'une nouvelle page entre les deux pays ne peut s'ouvrir sans cette jeunesse. Il a donc joint l'acte à la parole en construisant des parcelles entre les deux pays. Ces dernières passent incontestablement par la culture et le sport. Macron n'a, d'ailleurs, pas cessé de le répéter durant ces trois jours de voyage en Algérie: «Ils peuvent nous réconcilier». «La culture et le sport, ce sont des terrains où nous devons être ensemble, alors parfois on peut s'affronter, mais on s'affronte amicalement», a-t-il soutenu. Disco Maghreb est la preuve vivante du pouvoir des valeurs de ces deux disciplines. En quelques clics et un petit clip sur YouTube, elle est devenue mondialement connue. En effet, les clubbers du monde entier savent désormais où se situe l'Algérie sur une carte. Mieux encore, ils connaissent Oran et rêvent de la visiter pour prendre une photo devant la fameuse boutique Disco-Maghreb afin d'être dans le «flow» et faire comme leur star préférée. Hasard ou coup calculé de Dj Snake, la sortie de son vidéoclip s'est faite quelque temps avant les Jeux méditerranéens d'Oran. Une joute sportive où l'Algérie a brillé par une parfaite organisation, mais également par la beauté et le charme d'El Bahia. 80 millions de personnes ont vu cette vidéo sur la page officielle de ce disc-jockey. Cela sans parler des millions de reprises de cette chanson qui fait vibrer les plus grandes boîtes de nuit de la planète. Il s'agit là d'une visibilité incroyable donnée à l'Algérie nouvelle où le monde a pu découvrir ce beau pays, loin des clichés véhiculés par certains médias internationaux. C'est un «soft -power» réussi! Aucune agence de Com' n'aurait pu réussir un tel «coup». Il faut être honnête, Dj Snake a réussi ce que n'ont pas pu faire les ministres du Tourisme qui se sont succédé à la tête du pays durant les dix dernières années. C'est tout simplement un jeune, qui porte la double culture algéro-française, qui a décidé d'utiliser sa réussite pour faire briller le pays de sa mère. DJ Snake, de son vrai nom William, Sami, Etienne Grigahcine, où encore Riyad Mahrez et plein d'autres «porteurs» de cette double culture sont donc un moyen pour faire connaître l'Algérie, mais aussi de rapprocher sa jeunesse avec celle de l'autre rive de la Méditerranée. Ils parlent le même langage, ont les mêmes aspirations. Ils peuvent donc, ensemble, construire un avenir serein. Disco Maghreb pourrait être le socle de ces nouveaux «ponts»...