Cinq experts des Nations unies ont lancé un appel à la communauté internationale afin d'aider les Etats-Unis à fermer la base de Guantanamo. L'enclave américaine de 117km², située à l'extrême sud-est de Cuba, abrite le sinistre centre de détention de Guantanamo depuis le début de l'année 2002. Parmi les 760 prisonniers qui y ont transité, 300 d'entre eux ont été libérés en l'espace de quatre années. 460 sont encore détenus, et seuls 10 d'entre eux ont pu être formellement inculpés sans cependant être jugés. La plupart des détenus ont été faits prisonniers en Afghanistan, considérés comme talibans ou membres actifs du réseau Al Qaîda. Leur incarcération fait fi de toute observation des règles judiciaires internationales et notamment la convention de Genève pour ce qui est des prisonniers de guerre. C'est le 13 novembre 2001 que le président américain, G.W.ush, instaure une procédure militaire d'exception pour juger les «ennemis combattants» dans le cadre de la lutte antiterroriste internationale. Devant l'étendue des pouvoirs que s'est arrogés la Maison-Blanche sans en s'est référer au Congrès, les juges américains de la Cour suprême ont contrarié le dispositif mis en place par l'administration Bush, qui consistait à faire comparaître tout étranger soupçonné d'activité terroriste incarcéré dans le centre de détention de Guantanamo. Ces tribunaux d'exception permettent de juger en l'absence de l'accusé sans rendre publiques les charges retenues contre lui. La décision de la Cour suprême des Etats-Unis a donc infligé un revers au président américain en invalidant, la semaine dernière, les juridictions d'exception chargées de juger les détenus de Guantanamo. Un espoir pour ces derniers d'obtenir un procès juste et équitable à défaut d'être libérés. C'est en partie grâce à l'affaire «Hamdan contre Bush» qu'est dû le revers judiciaire infligé au président américain. La Cour suprême qui a eu à examiner le cas de l'ancien chauffeur d'Oussama Ben Laden détenu depuis quelques années à Guantanamo a réfuté le motif d'inculpation retenu contre lui «association de malfaiteurs» et invalidé le tribunal mis en place par le Pentagone. bLa qualification «d'association de malfaiteurs» dont il faisait l'objet n'étant pas reconnu par les tribunaux internationaux. En effet, pour les tribunaux mis en place par les instances internationales chargées de poursuivre les criminels de guerre, l'accusation doit porter sur des faits précis et non des présomptions d'appartenance pour association. Ce qui lui permettra au moins d'avoir droit à un procès équitable selon les termes de son avocat. Une demande à peine voilée faite aux Etats-Unis de se mettre en conformité avec les droits internationaux en matière de respect des droits de l'homme. Les récents suicides simultanés de 3 détenus, deux Yéménites et un Saoudien de la prison de Guantanamo ont enflé la rumeur selon laquelle le centre de détention allait fermer, les associations de défense des droits de l'homme se sont indignées et d'innombrables voix se sont élevées contre les conditions inhumaines que subissent les «pestiférés» de Guantanamo. La Cour suprême des Etats-Unis n'a cependant pas remis en cause l'existence de ce lieu de détention. En cas de libération des détenus, les 25 prisonniers algériens identifiés ne devraient pas être inquiétés s'ils sont rapatriés dans leur pays d'origine, selon les déclarations faites par M.Ksentini, président de la Commission nationale de la défense et de la promotion des droits de l'homme. Ce qui devrait rassurer les cinq experts de l'ONU. Le débat concernant leur éventuelle libération ou remise à leur pays d'origine est cependant loin d'être tranché. L'abcès de fixation de l'antiaméricanisme dans le monde n'est pas près de disparaître.