Parmi les phases les plus dramatiques du Printemps arabe qui a déferlé en terre libyenne, il y eut l'attaque de la représentation diplomatique américaine à Benghazi, un 11 septembre 2012, au cours de laquelle l'ambassadeur Chris Stevens et un employé Sean Smith ont trouvé la mort, ainsi que le bombardement du centre de la CIA, activant non loin de là et où 2 membres des Navy Seals ont été tués. Ces attaques simultanées ont eu lieu 11 ans jour pour jour après le choc du 11-Septembre de sinistre mémoire pour les Etats-Unis, en 1979, ce qui n'a pas manqué de provoquer une onde de critiques et de mécontentements au sein des sphères dirigeantes dont le département d'Etat que dirigeait alors Hillary Clinton. En 2014, Washington décide de fermer son ambassade en Libye et les portes sont demeurées closes jusqu'à ce jour tandis que la scène politique et sécuritaire du pays a considérablement périclité au fur et à mesure des crises et des affrontements armés entre deux camps protagonistes majeurs, l'un à Tripoli et l'autre à Benghazi où se trouve aussi l'armée nationale libyenne autoproclamée que dirige le maréchal Khalifa Haftar, revenu au pays après un exil de 20 ans auprès de l'oncle Sam. Au cours de ces années de conflit plus ou moins larvé et que rend encore plus difficile la présence de multiples ingérences étrangères, la communauté internationale s'est efforcée de réussir le pari d'une réconciliation et d'organiser des élections générales pour restaurer des institutions souveraines à même de garantir la sécurité, l'intégrité et la souveraineté du peuple libyen dans son ensemble. Peine perdue. Outre la Russie, l'Egypte et les Emirats qui soutiennent les dirigeants de l'Est dont le président du Parlement basé à Tobrouk, Aguila Saleh, il faut compter avec la Turquie qui appuie ceux de l'Ouest (Tripolitaine) où activent plusieurs milices baptisées brigades dont celles de Misrata. Quant aux Etats-Unis, ils s'efforcent, du moins en apparence, de venir en appui des efforts de la Mission onusienne (Manul) qui a imposé un Forum de dialogue interlibyen (FDPL) générateur d'un cessez-le-feu durable dans le cadre du comité militaire mixte 5+5 et une convocation à des législatives et une présidentielle conjuguées le 24 décembre 2021, malheureusement avortées du fait des ambitions des personnalités des deux camps. Après l'accord de Skhirat en 2015 et le GNA de Fayez al Serraj, pour lesquels les Etats-Unis ont joué une partition singulière, ce fut une étape marquée par la désignation de Abdelhamid Dbeibah et de son gouvernement contestés en mars 2022 par un rival Fathi Bachagha, investi par...le Parlement de Aguila Saleh et le maréchal Haftar, plus résolu que jamais à occuper le siège présidentiel depuis que Trump l'a assuré de son soutien en pleine offensive contre Tripoli! Par deux fois, au cours des mois passés, les milices de l'un et l'autre camp se sont affrontées autour de la capitale libyenne, le dernier combat fin août ayant causé 32 morts et 159 blessés. Les tensions n'épargnent pas la production pétrolière dont dépend la survie de la population et les attaques des champs pétroliers plongent chaque fois les marchés dans un désarroi qui pèse lourdement dans les démarches de certaines capitales occidentales et notamment Washington.