L'équipe allemande a eu droit, samedi soir, à une fête digne de celle d'un champion du monde. La compétition sportive suppose qu'il y a toujours un vainqueur et un vaincu. C'est le premier qui récolte les lauriers de la gloire alors que le second n'a droit qu'à des accessits. En Coupe du monde de football, cette règle est de mise et, hier soir, Berlin, la capitale allemande, était appelée à célébrer le nouveau champion du monde qui ne pouvait être que la France ou l'Italie, les deux finalistes de l'épreuve. Pourtant, il est une troisième équipe qui a eu droit à une grandiose cérémonie à l'occasion de cette Coupe du monde. Il s'agit tout simplement de celle du pays organisateur, l'Allemagne, pour laquelle on a déroulé, samedi soir, le tapis rouge à la suite de son succès sur l'équipe du Portugal, succès qui lui a valu de remporter la troisième place du tournoi. Ici, on avait pourtant craint que l'élimination de la Mannschaft en demi-finale soit très mal supportée par tous les fans qui l'avaient suivie, pas à pas, depuis le début de la compétition. Du reste, dans un Mondial comme dans toute autre épreuve internationale, un match de classement ne suscite guère d'intérêt. Or, samedi soir, à Stuttgart, la ville qui a abrité ce match pour la troisième place, on s'est aperçu que l'aura de la sélection allemande sur ses supporters ne s'était pas du tout ternie. Stuttgart a tout simplement vécu une nouvelle journée de folie, dans le même registre que celles vécues par les autres villes qui avaient accueilli la Mannschaft durant le Mondial. La grande cité allemande a voulu réserver à Klinsmann et à sa troupe un accueil digne d'un véritable champion du monde et l'on ne peut dire qu'elle ait échoué. En effet, très tôt dans la matinée, des dizaines de trains ont commencé à déverser des milliers de supporters qui se sont déplacés pour marquer leur soutien à leur sélection et lui dire que l'élimination en demi-finale n'avait été qu'un accident. Tout près de la gare, cheminée sur près d'un kilomètre, une immense rue piétonnière le long de laquelle s'alignent les plus grandes enseignes de magasins de la ville. Dans un jour normal, une telle artère doit «bouillonner» de monde. Mais ce n'était rien par rapport à ce qui s'est passé samedi. Imaginez des dizaines de milliers de personnes se bousculant dans un espace qui, forcément, était brusquement devenu réduit. Si vous faisiez la rue dans un sens, vous auriez eu toutes les peines du monde pour effectuer le retour. Pourtant, il fallait le faire car c'est à partir de la gare que partaient tous les bus et tramways en direction du stade Daimler-Gottlieb. Mais même dans cet endroit, lambine et la cohue étaient à leur maximum. Il se trouve que, pour son séjour à Stuttgart, l'équipe allemande a élu domicile à l'hôtel Graf Zeppelin situé en face de la gare. Pour être au plus près de «leurs» joueurs, des milliers de supporters allemands n'ont pas hésité à attendre des heures devant l'hôtel. Rien que de voir les joueurs monter dans leur bus, suffisait à leur bonheur. Cependant, si fête il y a eu, elle s'est déroulée au stade Daimler-Gottlieb. Un stade pris d'assaut par les Allemands au point où les Portugais, pourtant présents, ont été «submergés». Un stade qui a vibré lorsque le «Deutschland Uber Alles», l'hymne allemand, a été entonné par des milliers de poitrines. Dans la tribune officielle, on a vu les choses en grand puisque la chancelière Angela Merkel, qui n'a raté aucun match de la Mannschaft depuis le début du tournoi, était là de même que Horst Kohler, le président de la République d'Allemagne, et tout l'état-major de la Fifa, à sa tête Joseph Blatter, son président. Tout ce beau monde a pu assister à la victoire de la sélection allemande devant une équipe portugaise qui n'a pas démérité. D'ailleurs, la possession du ballon a été majoritairement lusitanienne et le gardien Oliver Kahn a eu autant, sinon plus de travail que son collègue Ricardo. Mais au finish, c'est bien la formation allemande qui s'est imposée grâce à un doublé de Schweinsteiger et à un but contre son camp, de Petit. Cette victoire a abouti sur une fête digne d'une finale de Coupe du monde. C'est ainsi que l'équipe allemande a eu droit à un podium avec remise de médailles par les personnalités officielles qui ont assisté à la rencontre, puis à un tour d'honneur pour remercier le public, le tout sur des airs de musique dispensés par les décibels d'un immense système de sonorisation et surtout sous un feu d'artifice digne des plus grandes fêtes. Pendant plus d'une heure après le match, le public ne s'est pas arrêté de manifester sa joie. Mais ce n'était rien à côté de ce qui nous attendait du côté de la gare centrale, dont toutes les artères qui y affluent, étaient noires de monde notamment à proximité de l'hôtel Graf Zeppelin où l'équipe allemande était revenue pour y reprendre ses quartiers pour une dernière nuit avant le départ vers des vacances bien méritées.