La clôture de la session criminelle siégeant au niveau de la cour d'Oran sera consacrée lundi à une affaire d'homicide volontaire, tentative de meurtre et complicité dans laquelle sont impliqués le capitaine et 12 membres de l'équipage d'un navire ukrainien. Les faits de cette affaire remontent au soir du 22 juillet 2003. Trois jeunes Oranais dont l'âge n'excède pas les 25 ans ont embarqué clandestinement, ce soir-là, sur un navire ukrainien au niveau du port d'Arzew. Ils sont parvenus à se dissimuler dans la cale du navire sans être vus. Le soir même, l'un des trois harragas a subitement changé d'avis et a décidé d'abandonner cette entreprise risquées. Selon des recoupements d'informations, il aurait réagi ainsi par instinct. Toujours est-il que ses deux compagnons d'infortune ont décidé de continuer l'aventure en ignorant les risques et périls auxquels ils s'exposaient. Le navire a levé l'ancre le matin du 24 juillet en prenant le cap vers les côtes espagnoles pour une brève escale. Les deux harragas ont été dénichés de leur cachette le soir même par des membres de l'équipage, qui leur ont fait passer un mauvais quart d'heure, avant de les présenter manu militari devant le capitaine du navire ukrainien. Malgré leurs cris et leurs implorations et faisant ainsi fi des lois internationales sur le code maritime, les membres de l'équipage ont jeté par-dessus bord les deux harragas avant de leur lancer deux gilets de sauvetage sur ordre de leur capitaine. Les deux jeunes malheureux ont aussitôt disparu dans l'obscurité de la nuit, emportés par les vagues dans une mer déchaînée. L'un d'eux, répondant aux initiales de B.M., a péri noyé et a été rejeté par les courants marins sur le rivage de la station balnéaire Abdelmalek-Ramdane sur le littoral de la wilaya de Mostaganem. Le deuxième, qui a connu un heureux sort, a échappé par miracle à une mort certaine en parvenant à gagner à la nage la plage du village balnéaire de Mers El Hadjadj (ex-Port aux Poules) et ce, grâce à son gilet de sauvetage dont il a, contrairement à son compagnon, réussi à s'emparer au passage d'une vague. Cette affaire, qui était initialement inscrite au calendrier de la dernière session criminelle, a été reportée en raison de l'absence des accusés en fuite. Le tribunal criminel près la cour d'Oran a lancé néanmoins un mandat d'arrêt international contre le capitaine et les 12 membres de l'équipage du navire ukrainien pour les chefs d'accusation cités en préambule. Ce même tribunal, autrement constitué, se penchera demain sur cette affaire, qui a suscité l'indignation et la colère des familles oranaises à l'époque des faits. Les parents de la victime, présents lors de la dernière audience, reportée, réclament que «les auteurs du meurtre et des sévices commis sur leur enfant, à l'instar de son compagnon, soient présentés devant la justice algérienne pour répondre de leurs actes».