Les référendums d'intégration des régions séparatistes en Ukraine ont commencé, hier, qualifiés de «simulacres» par Kiev et les Occidentaux qui y voient une escalade majeure du conflit. La Russie a quant à elle mis en branle la mobilisation des 300000 réservistes décrétée, mardi dernier, par le président Poutine pour renforcer les troupes engagées dans l'est et le sud de l'Ukraine pour protéger les populations russophones face aux bombardements de Kiev. Les scrutins ouverts dès hier matin vont se poursuivre jusqu'au 27 septembre dans les régions de Donetsk et Lougansk, dans l'est de l'Ukraine, ainsi que celles de Kherson et Zaporijjia, au sud du pays. Par mesure de sécurité, les autorités locales dépêchent des brigades mobiles munies des urnes pour faire voter les populations, afin de parer à d'éventuelles attaques des forces ukrainiennes qui ont reçu d'importants lots d'armement de la part des Etats-Unis et de leurs alliés occidentaux depuis ces dernières semaines. Cependant, plusieurs centaines de bureaux de vote ont été mis en place dans les quatre régions concernées et d'autres sont également opérationnels en Russie où se trouvent de nombreux réfugiés qui ont fui les bombardements de Kiev. Beaucoup disent espérer la fin de ces bombardements et un retour à la paix et la sécurité dans leur région d'origine. Dénoncés par les dirigeants ukrainiens et les alliés occidentaux, ces scrutins interviennent dans un contexte de forte aggravation de la crise au point que, dans sa déclaration de mardi dernier le président russe Vladimir Poutine n'a pas hésité à avertir que son pays ripostera par tous les moyens en cas d'agression contre son intégrité territoriale. Les troupes ukrainiennes étant revenues sur la ligne de front à Kharkiv, dans le nord-est du pays, Kiev laisse entendre que l'avancée se poursuivra jusqu'à Lougansk, Donestk et Kherson. La tenue des référendums va sans doute constituer un déclic pour intensifier les bombardements et les attaques ukrainiennes afin de «faire dérailler» les scrutins en préparation depuis des mois mais convoqués dans l'urgence cette semaine pour entériner l'indépendance des principales régions du Donbass, Lougansk et Donetsk qui n'ont jamais caché leur intention d'intégrer la Russie. Très actifs en Russie même, les chefs séparatistes ont multiplié pendant de nombreux mois les contacts avec les partis, les institutions parlementaires et stratégiques, les médias et ils ont ainsi convaincu le président Poutine de la nécessité d'une intervention pour protéger les populations russophones contre une violence nazie menée à leur encontre par les dirigeants de Kiev pendant des années. C'est dans cette optique que s'inscrivent les référendums et c'est pour cela que le président de la chambre basse du Parlement russe (Douma), Viatcheslav Volodine, a exhorté hier les populations russophones à «faire le choix d'intégrer la Russie». «Nous vous soutiendrons» a-t-il en outre assuré. Au Conseil de sécurité de l'ONU, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a déclaré face à son homologue russe Sergueï Lavov qu' «on ne peut pas laisser le président Poutine s'en tirer comme ça». Lavrov a répliqué en martelant les accusations selon lesquelles les dirigeants ukrainiens sont des «nazis» coupables d'exactions contre les populations russophones. Par ailleurs, le président Poutine et le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane ont salué l'échange de prisonniers entre la Russie et l'Ukraine, des combattants étrangers inclus, au terme d'une médiation saoudienne. L'Ukraine a confirmé mercredi soir l'arrivée de 215 combattants ukrainiens et étrangers tandis que Moscou en a récupéré 55, dont l'ex-député Viktor Medvedtchouk, un proche de Poutine accusé de haute trahison par Kiev. Auparavant, Riyadh avait annoncé le transfert en Arabie saoudite de cinq Britanniques, deux Américains, un Marocain, un Suédois et un Croate dans le cadre de cet échange. Les cinq Britanniques libérés ont regagné jeudi le Royaume-Uni.