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«La confiance du peuple a un coût»
Mohand Amokrane Cherifi, expert auprès des Nations Unies, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 02 - 10 - 2022

Dans cet entretien, le troisième du genre qu'accorde à L'Expression, Mohand Amokrane Cherifi, expert auprès des Nations unies, il est question des défis et des menaces auxquels doit faire face l'Algérie dans un environnement de plus en plus instable et incertain ainsi que les moyens d'y faire face sur le plan interne et externe. Le premier entretien paru le 11 mai 2022 sur ces mêmes colonnes, Mohand Amokrane Cherifi a mis l'accent sur les dangers qui menacent la stabilité de l'Algérie et souligné la nécessite de construire une unité populaire pour dissuader toute menace extérieure. L'expert onusien intervient une seconde fois à L'Expression pour préciser les défis auxquels sont confrontés tous les pays, y compris l'Algérie et, présente la nature des consensus réalisés par ces pays pour rassembler leurs peuples respectifs et faire face à ces défis et qui pourraient inspirer l'Algérie sur le chemin du consensus national.
L'Expression: Face aux bouleversements géopolitiques actuels, que font les gouvernements nationaux pour assurer la stabilité interne de leurs pays respectifs et préserver leur souveraineté nationale?
Mohand Amokrane Cherifi: Pour assurer la stabilité interne et faire face aux menaces potentielles, les systèmes de gouvernance de tous les continents considèrent que l'instauration d'un Etat de droit et la démocratisation des institutions ne sont plus un choix, mais une nécessité existentielle.
Dans les Etats considérés comme autoritaires, face à des sociétés qui aspirent de plus en plus à vivre en démocratie, les régimes entreprennent des réformes pour satisfaire ces aspirations alors que dans les Etats considérés comme démocratiques, l'on assiste à une évolution inverse avec l'émergence, au nom de la sécurité nationale, de régimes illibéraux non respectueux de l'Etat de droit et des principes démocratiques.
Ces transformations sont motivées par la montée des tensions qui menacent la stabilité des pays et la nécessité existentielle pour ces régimes de se maintenir, par un contrôle de leur société en lui accordant plus ou moins de liberté.
La démocratisation des institutions peut être retardée, mais pas contrecarrée de manière permanente sans conséquences, tels que le désordre social et l'instabilité politique. C'est ainsi que l'on observe que la montée des tensions dans de nombreux pays n'a pas pu être jugulée par la seule répression rendant nécessaire la mise en oeuvre de réformes politiques, économiques et sociales, basées sur le droit et les principes démocratiques.
Quant aux sociétés qui jouissent des bienfaits de la démocratie, elles tolèrent de moins en moins une violation de l'Etat de droit et des restrictions de leurs libertés au nom de la sécurité.
La question qui se pose est de savoir combien de temps les régimes peuvent se maintenir au pouvoir sans respect de l'Etat de droit et des principes démocratiques.
Face aux évolutions sociales et à l'émergence de nouvelles générations mieux formées et mieux informées, interconnectées au niveau national et international, toutes éprises de liberté, les changements seront inévitables lorsque ces générations arrivent au pouvoir.
Quel ajustement politique en Algérie pour anticiper les changements qui interviennent dans le monde?
Si l'on considère l'évolution historique accélérée, qui consacre l'émancipation des peuples, le statu quo politique deviendra de plus en plus insoutenable.
Le système algérien de gouvernance- sous la pression de la montée des tensions sociales à l'intérieur causées par des conditions de vie et de travail de plus en plus difficiles, et des menaces extérieures à ses frontières qui pèsent sur sa sécurité- a tout intérêt à ajuster sa politique intérieure et sa politique extérieure l'une étant le prolongement de l'autre. Il s'agit de s'assurer le soutien de la population afin de faire face à toute menace et de préserver la souveraineté nationale.
En politique intérieure, l'ouverture en direction des véritables représentations politiques et sociales, s'impose naturellement.
L'appel au dialogue au plus haut niveau de l'Etat pour construire un consensus national va dans le bon sens.
La réalisation de ce consensus devra s'accompagner de mesures concrètes fondées sur le droit et des principes démocratiques qui témoigneront d'une volonté politique réelle de changer le système de gouvernance. Dans l'immédiat, il faudrait donner un signal fort en direction de nos concitoyens sur le plan des libertés individuelles et collectives et de la sauvegarde de leur emploi et de leur pouvoir d'achat.
C'est le prix à payer pour gagner et conserver la confiance de la population, seule à même de consolider la cohésion sociale et le front interne.
En politique extérieure, les.bouleversements géopolitiques dans le monde, accélérés par la guerre en Ukraine, et les manoeuvres guerrières à nos frontières «est, ouest et sud» ne laissent que peu de choix à notre pays.
Il faut coûte que coûte resserrer les rangs, et réévaluer nos alliances en plaçant les intérêts supérieurs de notre peuple au-dessus de toute autre considération.
C'est ainsi qu'il faut s'interroger si l'on doit rester ou non prisonnier des dogmes idéologiques qui pourraient isoler notre pays sur la scène internationale et l'exposer à des ingérences, voire à des attaques ouvertes sur notre territoire.
Il y a des signaux qui ne trompent pas, notamment les critiques de forces hostiles à l'Algérie interprétant sa position de non-alignement dans le conflit Ukraine/Russie comme un soutien au camp adverse c'est-à-dire la Russie, Il en est de même des critiques à l'encontre du soutien de notre pays aux causes justes dans le monde, notamment la Palestine et le Sahara occidental qui dérangent les intérêts stratégiques de ces forces hostiles à l'Algérie.
Mais comment privilégier le réalisme politique par rapport aux dogmes idéologiques, sans renier les idéaux de notre Révolution?
Gouverner c'est prévoir. Pour conserver notre place dans le concert des nations il faut tout d'abord observer l'évolution des alliances, dans le monde qui nous entoure.
Un simple exercice de prospective permet d'entrevoir la nouvelle carte géopolitique, d'apprécier le nouveau rapport de force à l'échelle mondiale, et d'anticiper les événements pour garder la place de notre pays dans le concert des nations que lui confèrent ses avantages comparatifs: son immense espace territorial, une position géographique enviable, des ressources stables d'énergie, couplées à la disponibilité de richesses naturelles et à une diversité d'écosystèmes, sans oublier son peuple héritier de la révolution de Novembre.
Le monde autour de notre pays est en train d'évoluer. Un nationalisme exacerbé touche tous les pays; En même temps, de nouvelles alliances se forment dans un souci de défense nationale contre des menaces extérieures d'où qu'elles viennent.
Dans la nouvelle configuration géopolitique du monde, les pays de tous les continents oeuvrent pour consolider leurs alliances, aussi bien dans leur zone géographique qu'à l'échelle internationale.
Le plus spectaculaire est l'accélération de cette tendance. Face aux menaces de guerre généralisée qui planent en Europe, de nouveaux pays ont rejoint l'Otan. Les membres du G7 et du G20 renforcent leur coopération. La Russie et la Chine réactivent les regroupements qu'ils animent en Europe de l'Est et en Asie. Récemment, pour défendre leurs intérêts dans le Pacifique, les Etats-Unis, le Canada, l'Angleterre, l'Australie et la Nouvelle- Zélande forment une nouvelle alliance. En Asie, l'Asean renforce sa cohésion. En Amérique latine, il n'y a pas un seul pays qui ne participe pas à une coalition
Partout de nouvelles recompositions et de nouvelles alliances prennent forme pour assurer la sécurité collective, militaire et économique, des pays qui y adhèrent.
Dans un tel contexte quelle stratégie à considérer par notre pays?
Nous observons que le contexte international et régional particulièrement instable et incertain a conduit chaque pays à renforcer à la fois la défense nationale et le lien avec le peuple, à assurer une autonomie stratégique et une résilience sur le plan alimentaire, énergétique et autres biens essentiels et à réévaluer les alliances pour consolider le rapport de force et dissuader les ennemis potentiels.
L'Algérie n'est pas en reste. Elle est bien engagée pour la réalisation de ces objectifs.
En matière de défense nationale, son armée est classée par les revues militaires spécialisées parmi les premières dans le monde en termes d'effectifs opérationnels et d'équipements les plus modernes, à l'avant-garde sur le front terrestre, aérien, maritime et cybernétique.
Le lien avec le peuple se renforce, à travers la construction d'un front interne et la mobilisation programmée de réservistes, lui assurant ainsi un renfort populaire en toute circonstance et une résistance citoyenne sur tout le territoire en cas de conflit ouvert.
Comme dans toutes les armées du monde le renforcement des capacités opérationnelles- notamment la modernisation et la diversification des équipements et le perfectionnement de l'encadrement- est constamment à l'ordre du jour.
Sur le plan de l'autonomie stratégique et de la résilience, les difficultés d'approvisionnement des produits de consommation de première nécessité, notamment les produits céréaliers et oléagineux rendent indispensable d'assurer la sécurité alimentaire du pays. L'anticipation est de rigueur avec l'élaboration d'un plan d'urgence pour prioriser les cultures céréalières lors des prochaines semailles, la conclusion d'accords pluriannuels avec les principaux producteurs dans le monde et la constitution de stocks stratégiques, en utilisant au besoin l'énergie comme monnaie d'échange.
S'agissant de la réévaluation des alliances, c'est le rôle de la diplomatie et l'Algérie s'y emploie. Cela signifie une analyse rigoureuse des groupements régionaux que l'Algérie a contribué à constituer: l'UMA, la Ligue arabe, l'OCI, dont des membres ont rejoint des coalitions étrangères menaçant la Sécurité nationale et régionale ou se trouvent carrément en opposition à la politique de notre pays en faveur des causes, sahraouie et palestinienne, et sur le dossier libyen.
La perspective d'adhérer à des groupements de pays émergents comme le BRICs (Brésil, Chine, Inde, Russie et Afrique du Sud) consoliderait la position de l'Algérie dans le concert des nations et déjouerait les tentatives de ses adversaires de l'isoler sur la scène internationale.
Quels domaines de coopération, bilatérale et multilatérale, à développer pour renforcer la position de l'Algérie dans le monde?
Aujourd'hui, la priorité réside dans la nécessaire adaptation aux mutations rapides de l'environnement international, porteuses à la fois de risques et menaces à court terme, mais aussi d'opportunités à long terme. L'heure est à ceux qui seront capables de repérer les opportunités et de persévérer dans l'effort d'amélioration des capacités de réaction rapide.
La coopération avec les pays développés, amis et partenaires, est utile pour faire face aux chocs économiques, environnementaux, sociaux ou informatiques ainsi qu'aux avancées technologiques potentiellement perturbantes, notamment l'automatisation, l'analyse des données, l'intelligence artificielle et les biotechnologies.
Au niveau multilatéral la force morale que l'Algérie tire de son attachement à la paix et à la sécurité ainsi que de sa politique non-alignée respectueuse de la souveraineté des Etats, la désigne à être partie prenante et à l'avant-garde du processus de renégociation pour l'avènement d'un nouvel ordre politique et économique, de nouveaux modèles de collaboration et de compétition internationale.
C'est ainsi que la nouvelle ère d'engagement mondial requiert une coordination des actions interétatiques, l'expérience algérienne y contribuant, pour apporter des solutions aux problèmes transnationaux de sécurité, d'environnement/réchauffement climatique, de lutte pour les ressources naturelles ou du risque terroriste.
Ce faisant, l'ampleur de ces défis qui met à rude épreuve la capacité des Etats et des institutions internationales, laisse présager un renforcement important du rôle de nombreux acteurs publics et privés. Pour anticiper le nouvel ordre international qui se met en place, l'Algérie a donc tout intérêt à renforcer les collectivités locales, en les autonomisant, le secteur privé en le soutenant et la société civile en la mobilisant, pour apporter leur contribution.
L'Algérie s'emploie avec détermination à la modernisation de son potentiel économique et humain en s'appuyant sur une coopération fructueuse avec les pays amis et partenaires.
Qu'il s'agisse de la Chine, des Etats-Unis, de la Russie, de la Turquie, ou des pays voisins de l'espace euro-méditerranéen. Naturellement, la dimension africaine de l'Algérie, une priorité dans l'action gouvernementale, trouvera toute sa place dans ces nécessaires adaptations, avec des projets et des programmes de coopération bilatéraux que confortera notre position historique et notre pouvoir d'influence au sein de l'Union africaine.
Il en est de même de la coopération Sud-Sud à travers le Mouvement des pays non- alignés, créé en 1961 et constitué principalement des pays en développement, qui a réussi, à l'initiative de l'Algérie, à faire adopter, par consensus à l'ONU en 1974, le programme pour un Nouvel Ordre Economique International. Entre également dans ce cadre, la redynamisation du Groupe des 77 créé en 1964 et dont les bases ont été définies dans la Charte d'Alger en 1967 pour promouvoir la coopération et le développement entre les pays membres.


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