Même si le PT approuve dans le fond la décision du conseil des ministres, il la déplore dans la forme. Le porte-parole du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune ne compte pas lâcher le morceau. Lors d'une conférence de presse qu'elle a animée hier au niveau de son siège, Hanoune est revenue largement sur les décisions du conseil des ministres tenu dimanche dernier sous la présidence du chef de l'Etat. Bien évidemment, elle a fortement exprimé sa satisfaction quant à l'amendement de la loi sur les hydrocarbures, un projet qu'elle a tant rejeté. «Cette révision ne représente pas seulement une victoire du parti mais du peuple algérien entier puisqu'elle garanti les richesses nationales aux générations futures», affirme-t-elle avec orgueil. Tout en rappelant le combat qu'elle a mené contre ce projet de Khelil, elle dira avec un grand souffle: «Le temps nous a donné raison.» Tout en critiquant les déclarations du ministre de l'Energie, M.Chakib Khelil, qui minimise la valeur des amendement, elle répondra que les modifications ont porté sur le contenu essentiel de la loi concernant les contrats d'exploitation. Elle expliquera que ce n'est pas une question de taxes mais plutôt des parts de participation dans les blocs d'exploration dont l'amendement renforce à 51% la part de Sonatrach. «Je suis très contente et même fière de la décision du chef de l'Etat qui traduit une prise de conscience quant au danger que représente cette loi pour l'économie nationale», ajoute-t-elle. La révision de la loi constitue, à ses yeux, une décision politique majeure et un geste de souveraineté nationale. Le porte-parole ne s'est pas arrêté là, elle a tenu à relever quelques remarques. Même si le PT approuve dans le fond la décision du conseil des ministres, il la déplore dans la forme. «Je ne comprends pas pourquoi on a fait passer le projet par ordonnance au lieu de le présenter à l'APN?» s'est-elle interrogée. Pourtant, précise Hanoune, il s'agit bien de bonnes décisions et qu'il n'y a aucune urgence qui impose de recourir à une ordonnance. Mme.Hanoune ne cache pas son mécontentement quant à cette procédure. La présentation du projet de loi sur les hydrocarbures et de loi de finances complémentaire aux députés aurait pu permettre l'ouverture d'un débat serein sur les point positifs et négatifs des projets. La preuve est que la loi sur les hydrocarbures renferme toujours des contradictions. Alors que le grand problème a été réglé, Hanoune reste toujours prudente et même méfiante vis-à- vis de la loi en affirmant: «Nous n'avons pas confiance en la personne du ministre de l'Energie». «Il n'y a pas que les contrats, la question qui se pose justement est de savoir si la société Sonatrach ne sera jamais privatisée», se demande-t-elle. Pour être sûre, la dame du PT affirme que l'Etat doit inscrire noir sur blanc dans sa nouvelle Constitution que la Sonatrach restera une entreprise publique. Ce n'est pas tout, Mme.Hanoune réclame également la dissolution des deux agences de régulation qui s'occupent de l'octroi des contrats d'exploration. Elle révélera sur ce point que ce qui a provoqué l'amendement de la loi, «c'est la conclusion discrète d'un contrat d'exploration avec Total, lui confiant une part de 62% et 12% à Repsol et seulement 25% à Sonatrach». S'expliquant sur ce sujet, l'interlocutrice n'a pas omis d'évoquer le processus de privatisation des entreprises publiques qu'elle remet en cause. Comme à l'accoutumée, elle a sévèrement critiqué la politique de bradage et de liquidation des entreprises nationales. Elle citera le complexe d'El Hadjar comme exemple concret de l'échec de l'expérience de privatisation. «On est persuadé que la politique de privatisation n'est pas irréversible», insiste-t-elle sur un ton sévère. Elle a également déploré l'ouverture des capitaux des banques algériennes aux opérateurs étrangers et l'octroi de la gestion de l'entreprise Seaal à une entreprise française. Sur le plan social, la représentante du PT s'est félicitée de l'augmentation des salaires et la revalorisation des pensions de retraite. Cependant, elle se révolte contre la politique de contractualisation. L'introduction de la contractualisation dans les articles 19, 20 et 21 consacre le démantèlement du statut de la Fonction publique. Au sujet de la réconciliation nationale, elle propose l'extension de sa date butoir au-delà du mois d'août pour permettre à l'ensemble des victimes de s'intégrer. «Il n'est pas dans l'intérêt de la société de limiter le délai de la réconciliation au 31 août prochain, car il y aurait trop d'exclusion», pense-t-elle. Mme.Hanoune promet de continuer son combat et de saisir le chef de l'Etat sur ces questions.