L'opération militaire spéciale russe en Ukraine a franchi, hier, un nouveau palier avec des bombardements d'une ampleur inégalée depuis des mois, au lendemain d'un attentat à l'explosif qui a endommagé le pont stratégique reliant la Crimée à la Russie. Quelque 75 missiles et de nombreux drones ont frappé plusieurs villes ukrainiennes dont la capitale tandis que le Belarus annonçait un déploiement de troupes, son président Loukachenko avertissant que la Lituanie, la Pologne et l'Ukraine s'apprêtent à y lancer des attaques terroristes. Cette brusque montée des tensions était prévisible après l'explosion qui a perturbé le trafic sur le pont de la Crimée, «une attaque terroriste», a souligné le président Vladimir Poutine lors de la réunion du Conseil de sécurité russe. Moscou accuse Kiev d'avoir commis cet «acte terroriste» qui a partiellement endommagé l'infrastructure: « Les auteurs, les exécutants et les commanditaires sont les services secrets ukrainiens», a pointé dimanche Poutine, à l'issue d'une réunion avec le chef du Comité d'enquête russe. «Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un acte terroriste visant à détruire une infrastructure civile russe d'importance critique», a-t-il déploré. Le Conseil de sécurité qui rassemble les principaux ministres, responsables politiques et représentants des services de sécurité et de l'armée russes à peine achevé, l'armée russe a donc répliqué en bombardant toute une série d'infrastructures ukrainiennes aussi bien à Kiev que dans d'autres villes du pays, Poutine ayant promis des réponses «sévères» en cas de nouvelles attaques contre la Russie. S'il a considéré que l'ampleur des ripostes sera à la mesure des menaces posées par les dirigeants ukrainiens, le numéro deux du Conseil de sécurité russe, l'ancien président Dmitri Medvedev a assuré, quant à lui, que les frappes massives d'hier ne constituent qu'un «premier épisode». Il a de ce fait appelé au «démantèlement total» du pouvoir politique ukrainien. «Le premier épisode s'est joué, il y en aura d'autres», a-t-il écrit sur Telegram. Et d'ajouter: «De mon point de vue, (l'objectif) doit être le démantèlement total du régime politique de l'Ukraine.» Il était évident, samedi dernier, que l'attentat contre le pont de la Crimée aurait de graves répercussions pour l'Ukraine, même si le président ukrainien Volodimir Zelensky y a trouvé matière à «ironiser sur le temps nuageux», selon les médias occidentaux. Et deux jours plus tard, un déluge de feu a secoué l'Ukraine envers laquelle les alliés occidentaux ont multiplié les déclarations de soutien et les condamnations de «crimes de guerre». «Sur proposition du ministère de la Défense et en conformité avec le plan de l'état-major, des frappes massives avec des armes de haute précision de longue portée ont été menées contre l'infrastructure énergétique, militaire et de communication de l'Ukraine», a sobrement indiqué le président Poutine à la télévision russe tandis que la campagne massive de bombardements s'est poursuivie pendant plusieurs heures dans plusieurs régions ukrainiennes. Poutine a souligné que l'armée russe a recouru à «des armes de haute précision et de longue portée» contre «l'infrastructure énergétique, militaire et de communication de l'Ukraine». Le fait que, pour la première fois depuis le 26 juin, la capitale Kiev a été touchée par ces bombardements à l'instar de plusieurs autres villes, signifie que le conflit qui dure depuis février dernier a abordé, hier, une étape cruciale et que le bras de fer russo-occidental pourrait atteindre rapidement son paroxysme. Pour Vladimir Poutine, en visant le pont de Crimée samedi, l'Ukraine «s'est mise au même niveau que les terroristes les plus odieux. Il n'était pas possible de ne pas (y) répondre», a-t-il déclaré.