Selon des sources informées, un commando composé d'au moins vingt terroristes tente, par des attentats à l'explosif, de remettre la capitale sous les feux de l'actualité. Au moins, une vingtaine de bombes ont été «essayées» depuis le début du mois de janvier 2002. Une bonne partie a été désamorcée, les autres ont explosé sans faire de dégâts importants, eu égard à leur faible portée. Mais toutes en appellent à une lecture attentive des messages lancés. Depuis le début du Ramadan dernier, au moins trente-cinq bombes ont explosé dans les villes limitrophes d'Alger-Centre : Rouiba, Larbaâ, Aïn Taya, etc. Une seule fois, le 20 novembre dernier, le bouclier sécuritaire a été percé et Tafourah se réveille aux bruits d'une bombe qui avait fait une vingtaine de blessés, dont une jeune étudiante devait décéder quelques jours plus tard à la suite de ses blessures. La bombe, qui a explosé, avant-hier, au pont de la Concorde à Bir Mourad Raïs, a été, elle aussi, une autre - et non la dernière - tentative de retour à la psychose des attentats. Un repenti du GIA parlait, il y a quelques mois, devant certains journalistes de l'existence d'un réseau dormant à Alger, et disposant d'au moins quatre kilogrammes de TNT. Par la suite, cette révélation se vérifia sur le terrain: plusieurs attentats à l'explosif furent commis à Bab el-Oued et ses environs. L'origine de ce commando vient probablement de la périphérie d'Alger, car le noyau existant à Alger ne peut, en aucun cas, excéder la dizaine de personnes, dans la plus forte estimation. L'effervescence qui a agité les villes avoisinant Alger, tels Meftah, Larbaâ, Heraoua, Boudouaou, Khemis el-Khechna, Hamadi et Baraki, plaide en faveur d'une agitation violente qui s'est orientée vers le centre d'Alger. Si l'on tient compte de quelques fuites, invérifiables, du reste, il y eut au moins, deux bombes désamorcées à Alger, quelques minutes avant leur explosion, l'une à El-Madania, l'autre à la gare centrale d'Alger. Meftah, qui a rompu avec la violence depuis au moins quatre ans, a connu une première incursion terroriste, il y a quatre jours. Bilan: un islamiste et un villageois tués. L'assassinat de trois voyageurs, dont un ressortissant syrien, en fin de semaine, dans un faux barrage dressé sur la route nationale reliant Larbaâ à Tablat est à décrypter avec un maximum de précaution. Zone à forte concentration AIS, Larbaâ est l'objet de visites incessantes aussi bien de la part des GIA, disséminés dans les monts Souahane et à Tablat, que du Gspc hégémonique à partir de Meftah, Khemis El Khechna et Bouzegza, fiefs originels de Abdelkader Hattab, puis de son cousin Hassan, actuel chef du Gspc. Ces incessantes incursions ont pour objet soit de se faire rallier par les repentis de l'AIS, concentrés à Djibolo, El-Qaria et Tabrent, soit de faire échec à l'option concorde civile, soit enfin de perturber le calme précaire des «villes repenties» (Meftah, Larbâ, Khemis, etc.), ou les trois à la fois. Quoi qu'il en soit, c'est la capitale qui est toujours ciblée. L'onde de choc qu'une bombe produit dans Alger, ou qu'un assassinat y provoque, est toujours important. Car n'oublions pas que le terrorisme est surtout un phénomène médiatique, et sans les fortes répercussions de ces actes de violences, il dépérit, incontestablement. En fait, le plus inquiétant dans ces «petites bombes», qui explosent avec la régularité d'un métronome, depuis plusieurs semaines, c'est de savoir si elles préludent de plus fortes déflagrations. Car, on le voit, elles ciblent toujours les arrêts de bus, de préférence ceux fréquentés par les étudiants, sont posées avec tact et minutie, suivant des horaires de travail à forte affluence. Et cela donne tout l'air de ressembler à des messages codés, à décrypter avec un maximum de précaution.