Le groupe ne s'est jamais éclipsé. Son absence est due plutôt à la difficulté de produire pendant la décennie rouge. L'Expression: Vous avez participé récemment au festival des racont-arts en Kabylie, comment a été l'expérience pour vous? Shamy: Il faut que vous sachiez tout d'abord que c'est un festival qui se tient chaque année en Kabylie et qui a été organisé cette année du 8 au 15 du mois en cours. En ce qui me concerne, je participe pour la première fois à cet événement qui m'a donné l'occasion de présenter mon film documentaire Messages kabyles qui relate les événements du Printemps noir. J'ai présenté, également, mon dernier roman intitulé La fiancée du soleil édité chez Odyssée à Tizi Ouzou. J'ai mis l'opportunité à profit, aussi, pour animer des tables-rondes et des débats sur notamment, la littérature algérienne à l'étranger et à propos également de mes contes pour enfants. Une soixantaine d'artistes, toutes nationalités et branches confondues, ont participé à ce festival. Il y avait des Américains, des Espagnols, des Français, des Italiens et des Marocains qui se sont présentés dans différents ateliers, à savoir la peinture, la sculpture, la poésie, le théâtre et l'écriture. Le festival consiste, en un mot, en une caravane qui se déplaçait d'un village à un autre pour présenter, en plein air, divers spectacles. Ma propre expérience m'a permis de faire connaître mes oeuvres et être en contact avec mon public, source d'inspiration inépuisable pour moi. Est-ce que l'événement a été une occasion, justement, pour penser des projets en commun avec d'autres artistes? J'ai toujours opté pour un travail de groupe en collaboration avec toute une équipe d'artistes. C'est le cas d'ailleurs de mes contes pour enfants, un fruit de toute une équipe d'artistes qui y ont contribué. C'est le cas aussi pour tout ce que le groupe Abranis a produit. Chose qui veut dire que l'esprit du groupe est indispensable, mais cela n'empêche pas de produire d'autres oeuvres et/ou de mener un autre combat en solo. Expliquez-vous? Je compte produire un nouvel album justement, avec le groupe Abranis qu'on a souvent qualifié de disparu. C'est un travail qui sera fin prêt en 2007 et nous sommes dedans pour ne pas dépasser les délais que nous avons fixés. La dernière tournée européenne du groupe remonte à 1989 tandis que les deux derniers albums ont été produits à Alger en 1993. Au mois d'avril dernier, le groupe Abranis a eu une proposition d'un producteur pour un nouvel album Abranis, prévu pour 2007. Toutes les chansons sont des nouveautés qui n'ont jamais été produites et seront faites exclusivement par Karim et Shamy Abranis, les deux membres fondateurs du groupe. Depuis 1993, date de la dernière production, j'ai mené un autre parcours littéraire et cinématographique en solo. Je compte produire incessamment cinq nouveaux CD de contes pour enfants dont La vache des orphelins. Je prépare parallèlement un CD-Rom sur la vie et le parcours du groupe Abranis depuis sa naissance à ce jour. Le groupe Abranis s'est éclipsé de la scène pendant plus d'une décennie, cela est dû à quoi exactement? Le groupe ne s'est jamais éclipsé. Son absence est due plutôt à la difficulté de produire pendant la décennie rouge. Moi personnellement j'ai été occupé par d'autres choses, à savoir, entre autres, la famille et le choix de la littérature. Le retour des Abranis intervient au moment où la chanson kabyle connaît un net recul, cela va-t-il booster les choses? Depuis la génération de Idir, Abranis et certains autres grands maîtres de la chanson kabyle, les gens versaient un peu dans la médiocrité. Pourtant, le terrain d'expression est suffisamment occupé, mais l'absence d'une véritable école aujourd'hui fait que le recul est visible. Cela est dû aussi à l'esprit conservateur qui empêche l'évolution de la chanson kabyle.