Le verdict du procès du «MAK», qui a débuté avant-hier est tombé hier. Ce procès qui s'est poursuivi tout au long de la nuit du dimanche à lundi a connu un dénouement heureux pour plusieurs détenus, à leur tête l'écrivain et le militant Abdenour Abdeslam. Ce dernier avec d'autres détenus ont quitté hier la prison de Koléa. Quelques détenus poursuivis dans d'autres affaires dont Miloud Mebarki, restent en prison. Le procès de certains d'entre eux, à l'image de Hamzi Lounès est programmé pour le 16 novembre. En effet, le juge a prononcé la relaxe en faveur de Abdennour Abdesselam, Saïdani, Sofiane Mehenni et Kouidmi Mourad. Ils ont quitté la prison de Koléa, hier. Poursuivi pour appartenance au MAK, Mebarki Miloud jugé en criminelle a écopé de 18 mois de prison ferme. Ferhat Mehenni a été condamné par contumace à perpétuité. Bouaziz Aït Chebib, Azem Houcine, Razik Zouaoui ont été quant à eux condamnés à 14 mois de prison ferme. Si les deux premiers n'ont pas pu quitter la prison, hier, étant détenus dans le cadre d'une autre affaire, en revanche Razik Zouaoui, ayant purgé sa peine, est sorti, hier, de prison. Le tribunal a en outre condamné Mira Mokhnache, Chelbabi Nadir, Amichi Tahar, Hamzi Lounès et Igunaten Yahia à une peine de 18 mois de prison ferme dont 4 mois en sursis. Dans le cadre de la même affaire, l'accusé Belabes Brahim a été condamné par contumace à perpétuité tandis que les deux accusés, Lafdhal Zidane et Boutegrabet Mounir ont écopé de 20 ans de prison ferme. Notons que tous les détenus ont été acquittés des charges terroristes liées à l'article 87 bis. Le parquet avait requis une peine de 12 ans de réclusion pour Mebarki Miloud poursuivi en criminelle, assortie d'une amende de 500 mille dinars. Une peine de 6 ans de prison ferme assortie d'une amende de 500000 dinars a été requise contre le reste des détenus poursuivis en pénal. Le procureur général a réfuté le fait que les accusations relatives à l'atteinte à l'unité nationale et l'intégrité territoriale soient basées sur l'effet «rétroactif» du classement du MAK comme entité terroriste en mai 2021. La majorité des accusés ont nié leur appartenance au MAK «séparatiste» tandis que d'autres ont affirmé avoir démissionné. Les questions des magistrats aux accusés appelés à la barre ont tourné autour de leurs relations organiques avec le MAK et s'il connaissaient ou non Ferhat Mehenni, ainsi que sur leurs publications sur les réseaux sociaux, notamment Facebook. Interrogé Aït Chebib Bouaziz, qui a quitté le MAK en 2006 pour créer un autre mouvement, a soutenu que la revendication majeure du MAK dont il était un des fondateurs juste après le printemps noir en 2001, «était non pas l'autonomie de la Kabylie, mais la décentralisation». Appelé à la barre, un des détenus, Amichi Tahar a déploré «des conditions atroces subies en prison où il partageait sa cellule avec de vrais terroristes...». Les avocats de la défense ont relevé le caractère purement «politique» de ce dossier. «Contrairement à la terminologie usitée dans de réelles affaires terroristes comme les bombes, attentats, dans ce dossier on ne cite que des livres, contribution, des idées publication...», a-t-on soutenu. Par ailleurs, les interventions de certains avocats ont été longuement applaudies par l'assistance. Ce qui a déplu au procureur général qui est allé jusqu'à demander d'évacuer la salle, avant que la juge n'ordonne d'arrêter les applaudissements. Un fait remarquable, des avocats parmi une quarantaine qui se sont portés volontaires pour défendre les accusés, ont préféré plaider en tamazight alors que certains accusés ont fait de même, en répondant aux questions des magistrats en kabyle. Enfin, la défense a relevé un nombre d'incohérences dont des accusations disproportionnées sans aucune preuve tangible dans ce dossier. «Alors que le MAK a été classé comme entité terroriste par les autorités algériennes en mai 2021, certains faits dans ce dossier remontent à plusieurs années en arrière», déplore la défense.