Ils sont de plus en plus nombreux les militants politiques et activistes du Hirak à faire l'objet de convocations des services de sécurité de Tizi Ouzou, pendant que d'autres ont déjà écopé de condamnations à des peines de prison ferme. Hamou Boumedine, figure militante très en vue, connu pour son engagement politique de longue date, a été convoqué hier par les éléments de la section de recherche de la gendarmerie pour des motifs qui demeurent encore inconnus. Jusqu'à hier, en début de soirée, M. Boumedine n'avait pas encore été relâché. Une semaine auparavant, le militant Bouaziz Aït Chebib avait été, lui aussi, convoqué par la Gendarmerie nationale qui le retient en garde à vue depuis le 20 juin dernier. Selon un de ses avocats, "Bouaziz Aït Chebib est interrogé sur ses orientations et positions politiques". Il sera présenté aujourd'hui devant le procureur de la République près le tribunal de Drâa El-Mizan, a indiqué un autre avocat qui suit le dossier. Ces arrestations viennent rallonger la liste des autres activistes du Hirak qui font l'objet de poursuites judiciaires. Rien que mercredi dernier, sept activistes de ce mouvement populaire avaient été placés sous mandat de dépôt par le parquet de Drâa El-Mizan. Il s'agit de Bouricha Mohamed, Derbane Ali, Issolah Karim, Kara Hakim, Bouzouagh Hamid, Beladel Massy et Issolah Merzouk. Selon les avocats du collectif de défense des détenus d'opinion, ces manifestants sont poursuivis suite aux incidents qui ont émaillé la tenue du référendum sur la Constitution en novembre 2020. Les chefs d'accusation retenus à leur encontre sont : "Entrave à la liberté de voter, outrage à corps constitués, destruction volontaire de biens d'autrui et attroupement non armé". Mercredi, le procureur de la République, toujours près le tribunal de Drâa El-Mizan, avait requis six mois de prison ferme assortie d'une amende de 100 000 DA contre Samir Hamri, un autre jeune manifestant. Le lendemain, jeudi 24 juin, deux autres militants, Kharoub Ouamer et Abbas Rabah, tous deux de Mekla, ont été présentés devant le procureur près le tribunal d'Azazga. Trois jours plus tôt, six autres militants avaient été présentés en audience, devant les magistrats du tribunal du centre-ville de Tizi Ouzou. Des dizaines d'autres ont déjà été condamnés ou alors attendent la tenue de leur procès. C'est dire que les convocations pleuvent à Tizi Ouzou. Pour l'ancien militant d'Avril 80, Saïd Doumane, "l'acharnement policier que subissent les militants a pour objectif d'instaurer un climat de terreur". Samir LESLOUS