Dans la foulée de son adresse à la nation, le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé la libération d'une cinquantaine de détenus d'opinion. Plus d'une semaine après, une trentaine de détenus croupissent toujours dans les prisons. Dans les trois jours qui ont suivi le discours d'Abdelmadjid Tebboune, au moins 37 détenus ont retrouvé la liberté sur les 55 libérations promises. Les choses se sont arrêtées là. Etrangement, les autorités ont gardé une trentaine d'autres prisonniers, mais dont on ne connaît pas le nombre exact, puisque les chiffres diffèrent d'une source à une autre. Un activiste, qui recense le nombre de détenus évoque le nombre de 28 personnes, tandis que Saïd Salhi, vice-président d'une des ailes de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) dit avoir recensé environ 35 personnes. Parmi les personnes en détention, certaines sont connues et sont régulièrement citées par les médias. C'est le cas de Abdellah Benaoum, qui est maintenu en détention à la prison de Relizane alors qu'il a purgé sa peine dans une affaire liée au Hirak. L'homme est gardé en détention dans une ancienne affaire. C'est aussi le cas de Toufik Hassani, arrêté en avril 2020 à Blida. Cet ex-policier, qui affichait son soutien au mouvement populaire, a été condamné en appel en décembre dernier à deux ans de prison ferme. Il en est ainsi de Yacine Mebarki, condamné en appel, à Khenchela, à trois ans de prison. D'autres détenus, relativement médiatisés, croupissent toujours en prison. Dans cette catégorie, une quinzaine de détenus vont être présentés, aujourd'hui, soit pour un procès, soit pour le rendu du verdict ou encore dans des procès en appel. C'est le cas de Omar Kerache, arrêté à Ouargla en juillet 2020. Certains vont certainement être libérés. Mais d'autres, à l'image de Miloud Ben Rouane, arrêté en octobre dernier à Biskra, ou encore de Bilal Merarchi, arrêté en novembre 2020 à Souk-Ahras, ou d'Abdelkader Diba, emprisonné depuis novembre à Adrar, sont quasiment isolés. Leurs procès ne sont toujours programmés. Dans ce lot de détenus, certains ne sont pas catalogués comme faisant partie du Hirak. C'est le cas de Lounès Hamzi. Il fait partie des rares détenus clairement accusés d'appartenance au Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK). Arrêté à Makouda en octobre 2020, le jeune homme a été présenté au parquet spécialisé de Sidi M'hamed qui l'a poursuivi pour "atteinte à l'unité nationale" et "constitution et organisation d'un mouvement de rébellion". Il est, depuis, détenu à la prison de Koléa en attendant son procès. "(...) cinq autres militants, dont le président du MAK, Ferhat Mhenni, sont concernés par cette instruction engagée par la chambre d'accusation du tribunal de Sidi M'hamed", indique son avocat, Me Kader Houali. Ce dernier défend également un autre détenu, Djamel Azaïm. Il est poursuivi pour "atteinte aux préceptes de l'islam". Il est détenu à la prison de Draâ El-Mizan où il purge une peine de deux ans de prison en attendant la décision de la Cour suprême appelée à statuer sur son pourvoi en cassation. En revanche, depuis l'annonce de cette série de libérations, les services de sécurité ont relâché toutes les personnes interpellées lors des dernières manifestations, dont plus de 750 vendredi dernier.