Aujourd'hui à 17h, le coup d'envoi du match d'ouverture Qatar - Equateur marquera le début d'un mois sans retenue de football au Qatar, le petit émirat qui espère que «son» Mondial ne s'ensablera pas dans les controverses extrasportives. De fait, la 22e Coupe du monde, première édition organisée dans un pays arabe, premier Mondial moderne concentré sur un territoire aussi réduit et programmé en fin d'année civile, n'a cessé de faire débat depuis son attribution «surprise» en 2010. Depuis, le Qatar, riche Etat du Golfe, a investi autour de 220 milliards d'euros pour le tournoi. Une somme colossale en comparaison au record de 15 milliards de dollars dépensés au Brésil en 2014 ou les 11,6 milliards de dollars en Russie lors de la dernière édition en 2018. L'enjeu est immense pour l'image du pays, qui attend plus d'un million de fans jusqu'à la finale programmée le 18 décembre au stade de Lusail, avec de nombreux défis à relever, entre autres sécurité et gestion des flux de supporters d'un stade à l'autre. La journée de lundi, avec le premier match de l'Angleterre et de ses bouillants Holligans contre l'Iran, aura valeur de test pour les organisateurs, à la veille de l'entrée en lice mardi de l'équipe de France, championne du monde en titre, contre l'Australie. «J'ai participé à l'organisation de nombreux événements sportifs au cours des dernières décennies et je n'ai jamais rien vu de comparable à ce qui se passe ici (...) Le monde entier va découvrir un pays et une région. Le Qatar, le Golfe arabo-persique, le Moyen-Orient, le monde arabe», a dit Gianni Infantino, président de la FIFA. Pour pouvoir accueillir les 1,3 million de visiteurs attendus, le Qatar s'est procuré trois paquebots, ces navires spécialisés dans le transport de passagers en haute mer, pour servir d'hôtels flottants. Une manière d'augmenter de plus de 5000 cabines à sa capacité hôtelière de 31 000 chambres. Sur le plan sportif, la Fifa a adopté 5 changements par match et élargi les effectifs à 26 joueurs au lieu de 23. Une nouvelle innovation technologique sera utilisée, qui est le hors-jeu semi-automatique pour faciliter la tâche des arbitres et arbitres vidéo et les aider à prendre des décisions plus rapides. Un système utilisé pour l'ensemble des 64 matchs de la compétition. Cette technologie a été testée lors de précédentes compétitions tenues par la FIFA, la Coupe arabe des nations en 2021 et la Coupe du monde des clubs en février dernier. Au Qatar, ce système utilisera 12 caméras placées sous le toit des stades, et contrôlera jusqu'à 29 points de données par joueur 50 fois par seconde, pendant qu'un capteur placé au centre du ballon enverra des données 500 fois par seconde, déterminant le moment où il est joué bien plus précisément que ne pourrait le faire un oeil humain. Le ballon, «Al Rihla» est composé de 20 panneaux de polyuréthane traité pour favoriser la précision, la stabilité et la rotation de la balle dans l'air. Il est également fabriqué avec des encres et des colles à base d'eau, une manière de protéger l'environnement. Avec l'aide d'une intelligence artificielle, une alerte sera transmise aux arbitres vidéo à chaque fois que le ballon est reçu par un attaquant qui se trouvait en position de hors-jeu au moment de la passe. Ils pourront en informer l'arbitre principal, auquel reviendra la décision finale. La reconstitution de l'action sera affichée dans le stade et proposée aux distributeurs qui pourront la diffuser à la télévision. Aussi, et pour la première fois dans l'histoire de la Coupe du monde, six femmes (trois arbitres et trois arbitres assistantes) ont été retenues parmi les officiels du Mondial 2022. La Française Stéphanie Frappart, la Rwandaise Salima Mukansanga et la Japonaise Yoshimi Yamashita font partie des 36 arbitres de champ, tandis que la Brésilienne Neuza Back, la Mexicaine Karen Diaz Medina et l'Américaine Kathryn Nesbitt officieront aux côtés de 66 autres arbitres assistants. Pour accueillir les 64 matches qui se disputeront sur son sol, le Qatar a vu les choses en grand. Sept enceintes sont ainsi sorties du sable pour accueillir les rencontres de ce Mondial 2022, tandis que le stade Khalifa, bâti en 1976 pour la Coupe du Golfe, a été entièrement rénové.