Un contentieux juridique sur lequel va se pencher le prochain conseil des ministres. Le contentieux juridique relatif aux prérogatives de chacune des autorités activant sur le port d'Alger est désigné comme la cause principale de la saturation de l'espace portuaire. C'est ce qu'a révélé la visité d'inspection qui a mené, jeudi dernier, le ministre des Finances, Mourad Medelci et son homologue des Transports, Mohamed Maghlaoui, au port d'Alger. Sur place, ils ont constaté de visu l'ampleur de la crise caractérisant la gestion de l'espace portuaire encombré par 7866 conteneurs en souffrance, 500 véhicules ZH et un nombre important d'engins de travaux publics. Les deux ministres ont inspecté en compagnie de M.Bouderbala et M.Bourouai, respectivement DG des douanes et premier responsable de l'entreprise portuaire d'Alger Epal, plusieurs sites du port à l'instar de la gare maritime, les quais, les grilles et la fourrière. L'exposé du patron de l'Epal, a fait ressortir un trafic de 2 millions de tonnes d'hydrocarbures en 2005, un flux de passagers de l'ordre de 229.264 entrées et de 178.785 sorties et la réception de 400 mille conteneurs pour l'année en cours. Le ministre des Finances a déclaré aussitôt, en sa qualité de tuteur des douanes: «nous ne nous sommes pas là pour féliciter les uns et les autres» avant d'enchaîner sur la question délicate concernant l'état de saturation du port qui nécessite une opération urgente de curage de ses espaces. Une opération, ajoute-t-il, qui ne peut se réaliser sans la conjugaison des efforts des deux autorités régissant le port. M.Medelci a appelé dans ce contexte les responsables de l'entreprise portuaire d'Alger et ceux des douanes à lui soumettre tous les problèmes d'ordre juridique afin de les exposer au prochain conseil de ministres. Tout en parlant de l'explosion des importations et la nécessité d'augmenter les exportations, le ministre des Transports a insisté, pour sa part, sur l'impératif de «trouver des solutions législatives» à cette situation entravant le fonctionnement du port d'Alger. Lequel constitue, de par son taux de trafic et sa situation géographique, le véritable poumon économique pour le pays. Et ce, ajoute-t-il, dans le but de développer les échanges commerciaux dont 95% se font via les ports. M.Maghlaoui a rappelé dans ce sens qu'un réaménagement des procédures en vigueur est plus que nécessaire. A ce titre, il a cité l'exemple de la durée des 21 jours que prennent les procédures de dédouanement d'un conteneur rien que pour les formalités administratives. Une durée, poursuit le ministre, qui constitue une contrainte pour les opérateurs économiques. Premier étape de la visite, un nombre important de voitures abîmées et même rouillées occupaient les terrasses 5 et 7 du port. Le ministre des Transports qui a indiqué que leur présence date de plusieurs années, a avancé le chiffre de 900 véhicules qui ont été transférés à des sites extraportuaires, en vue de les détruire en plus de 500 autres qui sont toujours sur les terrasses. Les deux ministres ont eu, par la suite, des explications de la part du responsable du «couloir vert» chargé du contrôle des véhicules qui a indiqué que 5525 véhicules ont été examinés dans la période allant de janvier au mois de juin de l'année 2006 dont 56 ont été saisis pour des motifs multiples, tels: la condition d'âge (plus de 3 ans), déclarés volés par l'Interpol ou abandonnés par leurs propriétaires. Au dépôt des saisies, les visiteurs ont eu droit à un spectacle fait de hauts amoncellements de pièces de rechange qui s'étalent sur plusieurs centaines de mètres. Des saisies, précise le responsable du hangar «qui ont été faites durant les deux derniers mois, les marchandises interceptées ultérieurement ont été vendues aux enchères». Le DG des douanes M.Bouderbala nous a révélé que «des réseaux bien organisés se sont spécialisés dans l'importation des pièces détachées vétustes, malgré l'interdiction par la loi de ce genre d'activité. Leurs procédés consistent à racheter leur marchandise, après son transfert à la vente aux enchères». Sur ce point, le ministre des finances a déclaré que «désormais, les marchandises saisies ne seront plus vendues mais elles seront automatiquement détruites. Cela en plus de la saisie des véhicules qui les transportent». Une loi promulguée à cette fin, a-t-il ajouté «entrera en vigueur dans les prochains jours». Au parc des engins de travaux publics, des centaines d'excavateurs de bulldozers, de bouteurs et autres engins de différents calibres et dont la plupart se trouvent dans un état de détérioration très avancée. Arrivant aux grilles occupées par les conteneurs en souffrance dont le nombre est fixé à 7866, une polémique éclate entre les responsables des douanes et leurs homologues de l'Epal, suite à l'interrogation du ministre des Transports portant sur la non-application de la loi stipulant pourtant, la destruction des conteneurs ayant dépassé la période légale des 2 mois et 21 jours. En effet, les représentants des deux parties, articles et réglementations à l'appui, ont essayé chacun de leur côté, de se dégager de la responsabilité de la prise en charge de ces conteneurs. Outre la délocalisation de plusieurs entreprises et le délogement d'un nombre de familles résidant à l'intérieur du port, le DG des douanes a déclaré, au terme de la visite, que le port d'Alger sera l'objet d'une rénovation importante qui comprendra, entre autres travaux, la destruction d'une vingtaine d'immeubles et la construction d'un bel édifice douanier.