Le silence est d'autant plus préoccupant qu'il légitime les «Etats voyous» dans leurs atteintes aux droits humains. Les organisations non gouvernementales qui, la plupart d'entre elles, se réclament humanitaires, s'enferment, depuis le début du génocide israélien au Liban, dans un mutisme obstiné. Une autre pièce à conviction sur le tri des causes, mais aussi sur la sélection bien précise des terrains d'intervention. La culture du silence et l'inefficacité dans l'action ne datent pas d'aujourd'hui chez certaines de ces ONG, suscitant moult questionnements sur les groupes d'influence auxquels elles sont soumises. Certaines, sises dans des capitales européennes, agissent même sous l'effet des éperons juifs, un fait qui donne un avant-goût de ce que sera l'action de ces ONG. Encore une preuve. Lors d'un congrès récent d'ONG à Durban (le forum de l'Afrique du Sud), des commissions de travail ont été infiltrées par des organisations défendant des intérêts partiaux ou gouvernementaux. Pis encore, les groupes se sont mis à contester la réalité ou la validité des revendications d'autres organisations. Ce qui explique l'absence du moindre consensus sur la justesse des causes. Plusieurs sujets aussi, mais qui relèvent surtout de l'humanitaire pur et simple, ont entraîné des scissions entre ONG. Ainsi, par rapport au conflit israélo-palestinien à titre d'exemple, des positions partisanes ont provoqué de vives tensions. D'un côté, des organisations palestiniennes des droits de l'homme développaient leurs revendications, utilisant un langage de contestation pour dénoncer les violations passées et présentes des droits de l'homme dans les territoires occupés. De l'autre, les organisations pro-israéliennes contestaient ces propos, en qualifiant «d'antisémite» toute critique de l'Etat d'Israël. Il est apparu à maintes occasions que plusieurs de ces organisations étaient plus ou moins mandatées par le gouvernement israélien ou relayaient à tout le moins ses positions. Cette situation démontre l'absence carrément de crédibilité chez certaines de ces organisations qui, parfois, versent même dans la désinformation. Le cas de l'Algérie, à titre indicatif, qui a été, des années durant, soumise à un acharnement sans précédent de la part d'ONG, à l'instar d'Amnesty international. Ces ONG, en tête de liste Amnesty, n'ont lésiné sur aucun moyen pour isoler et salir l'image de l ‘Algérie pendant la décennie noire, travaillant ainsi pour le compte de certains lobbys. L'on s'interroge sur ce que font ces mêmes ONG à propos de la question palestinienne, irakienne, sahraouie et libanaise. Aucune mobilisation à l'encontre des Intouchables, mais plutôt un travail de coulisses ininterrompu et un soutien indéfectible de la part de certaines ONG. Cela explique clairement le pourquoi du silence de ces ONG, par rapport au génocide israélien qui se perpétue au Liban. Néanmoins, le mutisme obstiné des ONG face à des violations flagrantes des droits humains pose la question de l'organisation des revendications de la société civile et de la capacité des Etats et des instances internationales à les entendre. Il s'agit tout d'abord d'un problème de crédibilité. Le silence est d'autant plus préoccupant qu'il légitime les «Etats voyous» dans leurs atteintes aux droits humains et empêche au sein des Nations unies la dénonciation des violations des droits de l'homme qu'ils commettent. Telle est donc la réalité de ces organisations non-gouvernementales qui préfèrent faire bien des calculs pour ne pas nager à contre-courant de leurs intérêts avant toute intervention. Les exemples ne manquent pas d'ailleurs.