Le Liban est plongé depuis plusieurs jours dans un effroyable chaos dont le monde entier n'entrevoit pas la fin. Israël a manifestement décidé de rayer ce pays de la mappemonde et il s'abrite pour cela derrière la loi du plus fort. Ce recours à la force brutale ne paraît pas hérisser les puissants de la planète qui observent en spectateurs quasiment indifférents une destruction planifiée du Liban. Peu de voix se sont élevées pour condamner ce qui est une agression contre un pays souverain qui ne dispose pas des moyens militaires appropriés pour assurer sa défense. Israël n'aurait pas pris le risque d'attaquer le Liban si ce pays disposait d'une technologie guerrière comparable à la sienne. Dans un tel cas de figure, c'est le devoir de la communauté internationale d'intervenir pour mettre un terme à une agression militaire si disproportionnée qu'elle ressemble à un génocide. Les enfants libanais morts calcinés dans un autobus ne pouvaient certes pas contrecarrer le missile israélien. Cette scène d'horreur n'a pas révulsé les consciences de ceux qui clament qu'il est du droit d'Israël de se défendre. En assassinant d'innocents enfants dans un autobus ? De tels errements en appellent à la responsabilité de la communauté internationale qui ne peut accepter de si graves atteintes exercées contre un pays souverain. Nul n'ignore par quelles tragédies est passé le Liban après une sanglante et durable guerre civile. Le pays, aussitôt la paix retrouvée, avait engagé une patiente mais déterminée reconstruction. Tous ses efforts de ces dix dernières années ont été réduits à néant par l'agression israélienne dont la finalité avérée est de détruire le Liban. Israël a agi dans un mépris clairement affiché de la communauté internationale et des opinions publiques dans le monde. Si tel avait été le cas, les dirigeants israéliens auraient d'abord laissé une chance au dialogue car dans cette affaire de soldats enlevés il y avait place pour des médiations possibles qui auraient engagé des pays tiers ou des institutions internationales sous l'égide de l'ONU. Israël a fait sur une très grande échelle au Liban, ce qu'il fait en réalité quotidiennement contre les Palestiniens. Avec d'autant plus de violence que ses actions guerrières sont assurées de la plus totale impunité. Que se serait-il passé si le Liban possédait les moyens militaires d'Israël et que celui-ci, démuni, avait été agressé par plus fort que lui ? Un scénario si invraisemblable qu'il impose un retour à la réalité car chacun sait qui est l'agresseur et qui est l'agressé. Ce qui pose problème à cet égard, c'est de relever que les puissances qui ont la capacité de s'interposer ne prennent aucune initiative. Cela conforte Israël dans le rôle de gendarme du Proche-Orient qu'il s'est arrogé. On mesure aujourd'hui les effets néfastes d'un tel rôle. Fouad Siniora, après les bombardements systématiques subis par son pays, avait pu parler du Liban sinistré. Le mot est peut-être faible au vu de l'ampleur des destructions. Il aurait été plus juste de parler d'un Liban en voie de disparition. C'est ce qui risque de se produire si la communauté internationale ne pèse pas sur le cours des choses en hissant le niveau de la réprobation convenue à celui de l'action concrète. Les organisations qui ont fait de l'action humanitaire leur credo sont interpellées en premier. L'agression contre le Liban jette sur les routes des milliers de personnes, alors que ceux encore plus nombreux qui ne peuvent pas fuir les bombardements vivent le drame de ne plus avoir d'eau ni d'électricité, et peut-être plus d'hôpitaux. Personne n'avait protesté lorsque les mêmes destructions s'étaient produites dans les territoires palestiniens. Tout se passe désormais comme si Israël légitimait ses actes de guerre par le silence consentant de la communauté internationale. Après les territoires palestiniens, le Liban, est-ce le tour d'autres pays de la région d'être frappés ? Il n'est pas difficile d'imaginer quels seraient ces pays. Mais ainsi encouragé, Israël ne joue-t-il pas avec un feu qui risque aussi, un jour ou l'autre, de le consumer ?