Salah Djenouhat, secrétaire national à l'organique, l'a annoncé hier matin sur les ondes de la Radio nationale, Chaîne III. Les textes portant modification du statut de la Fonction publique seront donc promulgués par ordonnance et en filigrane se dessinent les négociations des conventions branche par branche, mais surtout la lutte pour le leadership de la Centrale syndicale. «Les textes du nouveau statut de la Fonction publique assureront la pérennité de l'emploi et n'entraîneront pas de compression d'effectifs», a ajouté Salah Djenouhat ; de quoi rassurer les fonctionnaires contractuels. Les augmentations des salaires, qui oscilleront entre 1600 et 5500 DA, connaîtront un dénouement définitif en septembre lors de la prochaine tripartite avec la prise en considération de certaines primes qui seront comptabilisées pour le décompte des retraites. Les enseignants du supérieur ayant obtenu satisfaction sur la question du logement et leur exigence de l'arrêt des poursuites judiciaires prises à l'encontre de leurs collègues grévistes satisfaite, cela est annonciateur d'une certaine accalmie et d'une rentrée universitaire qui se fera sous de bons auspices. C'est sur un front social relativement apaisé que s'annoncent donc les prochaines joutes qui attendent l'Union générale des travailleurs algériens ( Ugta) et, en particulier, le prochain congrès qui promet de chaudes empoignades. Principal cheval de bataille du numéro 2 de l'Ugta, la préservation de l'emploi, Salah Djenouhat semble avoir marqué un point important sur ce plan-là. Il faut dire que le secrétaire général à l'organique a occupé une place prépondérante dans le secteur des médias, presse parlée et presse écrite confondues. Il a fait l'objet de nombreuses sollicitations lorsque le débat qui a porté sur la revendication des augmentations de salaires avait atteint son point culminant. Connu comme personnalité ne mâchant pas ses mots, il s'est retrouvé pratiquement sur tous les fronts. Préservation de l'emploi, salaires impayés, réintégration des travailleurs licenciés, pacte économique et social. Dûment mandaté par la Centrale syndicale pour mener les négociations lors de la prochaine tripartite, il se retrouve sous les feux de la rampe avec peut-être une petite «arrière-pensée», le prochain congrès où il devra sûrement s'imposer comme le dauphin de l'actuel patron de la place du 1er-Mai, Abdelmadjid Sidi Saïd. Jusqu'à maintenant, l'union sacrée a été faite autour du thème des revendications salariales. N'empêche qu'en décodant les interventions du secrétaire national à l'organique de l'Ugta, l'on s'aperçoit qu'il tend à avoir une position plus marquée que celle adoptée par les actuels responsables de l'ancien Foyer civique. En effet, en faisant sienne une politique syndicale plus offensive et plus revendicative, il prône d'une certaine manière un retour à une pratique du syndicalisme plus orthodoxe. N'a-t-il pas déclaré hier matin sur les ondes de la Chaîne III: «Je ne suis pas satisfait à cent pour cent.» Il s'est fait le porte-parole des Fédérations affiliées à l'Ugta en partageant leurs craintes de voir leurs entreprises disparaître. Salah Djenouhat a par ailleurs clairement posé le problème de la performance de l'entreprise pour diagnostiquer les points forts et les points faibles du secteur économique, qui ne doit pas subir de conséquences fâcheuses à la faveur des négociations d'augmentations de salaires disproportionnées par rapport à sa capacité d'absorption d'une masse financière trop lourde à supporter et qui mettraient en péril jusqu'à l'existence des outils et moyens de production. Effectivement, pour se lancer dans une économie compétitive, il faut posséder des commandes précises, ce qui pose le problème de la gestion prévisionnelle, où le carnet de commandes occupe une place déterminante en ce qui concerne les prévisions de production et donc d'emploi. Ces attentions particulières qu'accorde le secrétaire national à l'organique au secteur économique productif augurent d'une nouvelle pratique de l'activité syndicale qui pourrait tendre à affranchir l'Ugta du pouvoir politique, pour un peu plus de libertés syndicales.