Moscou a touché là où cela fait mal en annonçant une prochaine réduction de sa production de pétrole. Les cours de l'or noir ont réagi au quart de tour et se sont senti pousser des ailes. Les deux principales références du marché de l'or noir ont atteint leur plus haut niveau depuis près de trois semaines. Le baril de Brent, référence du Brut algérien, pour livraison en février a fini la semaine qui s'est achevée le 23 décembre sur une hausse de 2,94 dollars à 83,92 dollars. Le baril de West Texas américain (WTI), avec échéance en février également, a, quant à lui, progressé de 2,07 dollars, affichant 79,56 dollars. Le mouvement a été suscité par les déclarations du vice-Premier ministre russe, Alexandre Novak, qui a prévenu que la Russie pourrait réduire sa production de 500.000 à 700.000 barils par jour début 2023.a indiqué Edward Moya, d'Oanda. Le message a, en effet, été interprété comme une réponse à l'entrée en vigueur, début décembre, de l'embargo décrété par l'Union européenne sur le brut russe. Une nouvelle sanction contre la Russie assortie d'un mécanisme de plafonnement des prix pour les livraisons hors d'Europe. Il faut rappeler que le marché restait sous la menace d'une réduction de la production de pétrole de la Russie en guise de riposte au plafonnement des prix de ses exportations de brut mis en place début décembre par les pays du G7, de l'UE et l'Australie. «On réfléchira à une éventuelle réduction de la production si nécessaire», avait déclaré le 9 décembre dernier le président russe Vladimir Poutine lors d'une conférence de presse à Bichkek, en marge d'un sommet régional. Le patron du Kremlin a vraisemblablement décidé de contre-attaquer. Et cela n'a pas tardé à faire mouche même si la réduction de l'offre russe n'est pas encore entrée en vigueur. Ce qui augure d'un sérieux impact lorsqu' elle le sera. Les prix risquent de s'envoler. Le marché a en tous les cas été incontestablement secoué. Les experts confirment. «Sur un marché aux faibles volumes, à la veille d'un week-end de Noël, cela résonne» et joue fortement sur les prix, a fait remarquer John Kilduff, d'Again Capital. Le président russe Vladimir Poutine «est un maître de la manipulation et il sait que les prix du pétrole sont un point de fragilité pour l'Occident», a souligné l'analyste. La hausse des prix des deux références mondiales du brut «reflète l'inquiétude croissante des opérateurs quant à la réaction de Moscou aux nouvelles sanctions», a noté de son côté Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades. Les nouvelles diminutions de l'offre devraient ainsi maintenir les prix du baril, «à condition que les perspectives de la demande ne se détériorent pas davantage, compte tenu des hausses de taux des banques centrales en cours et des difficultés de la Chine à maîtriser la propagation de Covid», a estimé pour sa part Han Tan, analyste chez Exinity. Il faut rappeler que les prix du pétrole avaient aligné trois séances de hausse consécutives mercredi dernier dopés par une baisse surprise des stocks de Brut américains et l'annonce d'une défection d'un oléoduc aux Etats-Unis. Les réserves commerciales de pétrole brut aux Etats-Unis ont chuté de 5,9 millions de barils la semaine dernière, selon des chiffres publiés le 21 décembre par l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), alors que les analystes attendaient une hausse de 2,5 millions. Boosté par cette information, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février avait progressé de 2,76% pour clôturer à 82,20 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour la même échéance, a enregistré de son côté un gain de 2,70% pour terminer à 78,29 dollars. Un bel élan a brisé jeudi l'attitude de la banque centrale américaine (Fed) qui entend poursuivre une politique monétaire austère avec comme risque de faire plonger la locomotive de l'économie mondiale en récession pour juguler l'inflation. Un faux pas effacé le lendemain par l'annonce de la réduction de la production russe...