Le nouveau ministre de la Sécurité nationale du gouvernement Netanyahu, le plus extrémiste jamais installé depuis la «création» de l'Etat hébreu, Itamar Ben Gvir, figure de l'extrême droite, s'est rendu tôt hier sur l'esplanade des Mosquées, lieu saint au coeur des tensions à El Qods-Est, en dépit des menaces adressées par le Hamas palestinien. «Notre gouvernement ne cédera pas aux menaces du Hamas», a déclaré, hier, Ben Gvir après que le mouvement palestinien Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza, avait qualifié l'intention du ministre sioniste de se rendre sur l'esplanade de «prélude à une escalade dans la région». Troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré, l'esplanade est située dans la Vieille ville d'El Qods, dans le secteur palestinien illégalement occupé par l'entité sioniste depuis juin 1967. En vertu d'un statu quo historique, les non-musulmans peuvent s'y rendre à des heures précises mais ne peuvent pas y prier. Or, ces dernières années, un nombre croissant de juifs, pour la plupart ultra sionistes, y prient subrepticement, un geste dénoncé comme une «provocation» par les Palestiniens. Itamar Ben Gvir, qui y est allé à plusieurs reprises alors qu'il était député, avait annoncé son intention de s'y rendre en tant que ministre. «Notre peuple palestinien continuera de défendre ses lieux saints et la mosquée Al-Aqsa», a promis, hier, un porte-parole du Hamas, Hazem Qassem, qualifiant la visite de «crime». En 2000, la visite sur l'esplanade d'Ariel Sharon, alors à la tête de l'opposition de droite sioniste, avait été perçue comme une provocation par les Palestiniens. Le lendemain, des heurts sanglants avaient opposé Palestiniens et policiers de l'Etat juif, marquant le début de la seconde Intifada (soulèvement palestinien, 2000-2005). En mai 2021, des violences à El Qods-Est, notamment sur l'esplanade, avaient été le prélude à une guerre de 11 jours entre le Hamas et l'entité sioniste. Avocat vivant dans une colonie parmi les plus radicales de Cisjordanie occupée, Itamar Ben Gvir est devenu ministre en décembre 2022 dans le gouvernement mené par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le plus réactionnaire et le plus expansionniste de l'histoire de l'Etat hébreu. Il prône l'annexion par l'entité sioniste de la Cisjordanie, où vivent 2,9 millions de Palestiniens et 475 000 juifs, dans des colonies illégales selon le droit international. Il pousse également au transfert d'une partie de la population arabe, jugée déloyale, vers les pays voisins, et se rend souvent là où les tensions sont les plus fortes, mettant à chaque fois, selon les observateurs, le feu aux poudres. Saleh Raafat, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine, a déclaré que l'incursion est «une déclaration de guerre contre le peuple palestinien et ses lieux saints». Cet acte et ces provocations étaient prévisibles dès le lendemain de l'installation du gouvernement de Benjamin Netanyahu, partisan acharné de l'annexion des territoires palestiniens et artisan, avec les proches conseillers de l'ancien président américain D. Trump, de la «normalisation» à laquelle ont souscrit, avec zèle et sans aucune contre-partie, plusieurs Etats arabes.