C'est à une violente passe d'armes entre le représentant palestinien à l'ONU et celui de l'entité sioniste qu'a assisté le Conseil de sécurité, au lendemain de la «visite» du ministre Itamar Ben Gvir sur l'esplanade des Mosquées à El Qods-Est illégalement occupé par l'Etat hébreu depuis juin 1967, franchissant une «ligne rouge». Figure de l'extrême droite israélienne et nouveau ministre de la Sécurité nationale, Ben Gvir, a mis ses menaces en tant que député à exécution en se rendant mardi matin un «court quart d'heure», dixit une agence de presse occidentale, sur ce lieu saint, soulevant une vague de condamnations internationales, y compris des Etats-Unis, l'allié historique de l'Etat sioniste. À la demande de la Chine et des Emirats arabes unis, même si ces derniers ont normalisé leurs relations avec l'entité sioniste, les 15 membres du Conseil de sécurité ont entendu les arguments des représentants de la Jordanie et des représentants palestiniens ainsi que ceux de l'Etat hébreu et ils ont débattu publiquement et vivement deux heures durant au siège des Nations unies à New York. L'ambassadeur palestinien auprès de l'ONU, Riyad Mansour, a balayé des justificatifs boiteux du représentant sioniste en qualifiant le nouveau gouvernement Netanyahu de «colonial et raciste», mais il a surtout déploré l'inertie des Nations unies où sont votées depuis des décennies nombre de résolutions. «Quelle ligne rouge Israël doit-il franchir pour que le Conseil de sécurité dise enfin ''Ça suffit'' et agisse en conséquence. Quand allez-vous agir?», s'est insurgé M. Mansour dans un long discours. Mercredi soir, entouré d'homologues de pays arabes et musulmans, le diplomate palestinien avait réclamé que la communauté internationale «décide de défendre et de protéger le statu quo historique à Jérusalem et (concernant ses) sites musulmans et chrétiens». Troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré du judaïsme sous le nom de «Mont du Temple», l'esplanade des Mosquées est située dans la Vieille ville d'El Qods, secteur palestinien illégalement occupé par l'Etat sioniste. En vertu d'un statu quo historique, les non-musulmans peuvent se rendre sur le site à des heures précises mais ne peuvent pas y prier. Or, ces dernières années, un nombre croissant de juifs y prient subrepticement, un geste dénoncé comme une «provocation» par les Palestiniens et plusieurs pays du Moyen-Orient. Mardi, la Maison-Blanche avait mis en garde son allié israélien contre tout acte unilatéral «inacceptable». Pour sa part, le président Mahmoud Abbas a fait savoir jeudi que la libération de tous les prisonniers palestiniens détenus dans les prisons de l'entité sioniste était «une priorité pour les dirigeants palestiniens». «La question des prisonniers est une question de l'ensemble du peuple palestinien, et c'est notre priorité absolue. Nous ferons tout notre possible pour les libérer des centres de détention de l'occupation», a dit Abbas dans un communiqué officiel après la libération de Karim Younis, un Palestinien de 65 ans qui a passé 40 ans dans les geôles de l'entité sioniste, selon l'agence de presse officielle palestinienne WAFA. Abbas a félicité M. Younis pour sa libération, le considérant comme «un symbole de la fermeté du peuple palestinien et des peuples libres du monde». Karim Younis avait été arrêté en janvier 1983 après avoir été accusé d'appartenir au mouvement Fatah. L'entité sioniste détient environ 4 700 Palestiniens dans 23 prisons, dont 34 femmes et 150 enfants, a rapporté Wafa en décembre dernier. Par ailleurs, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a condamné jeudi la visite «sacrilège» du ministre extrémiste Itamar Ben Gvir, sur le site sacré islamique de l'esplanade des Mosquées, avertissant que cette action aurait des conséquences graves pour l'entité sioniste. Amir-Abdollahian a tenu ces propos lors d'un entretien par téléphone avec le secrétaire général de l'Organisation pour la coopération islamique (OCI), Hissein Brahim Taha, selon le site Internet du ministère iranien des Affaires étrangères. Le chef de la diplomatie iranienne a salué la position adoptée par le responsable de l'OCI qui a condamné immédiatement cet acte du ministre sioniste en la qualifiant de «profanation» de la mosquée Al-Aqsa, et proposé la création d'un mécanisme juridique international pour empêcher les actes sacrilèges contre des autorités religieuses et lieux saints. Taha a également dénoncé l'entrée du ministre extrémiste sioniste Ben Gvir sur l'esplanade des Mosquées comme une action de «provocation», qui a «heurté les sentiments des musulmans». Il a déclaré que cette manoeuvre sioniste nuisait à la paix et à la stabilité dans la région, soulignant qu'il était en consultation avec différentes parties pour faire pression sur l'entité sioniste dans le but de mettre fin à de tels actes. Lors d'un entretien distinct jeudi avec son homologue koweïtien, cheikh Salem Abdullah Al-Jaber Al-Sabah, le ministre iranien des Affaires étrangères a appelé à une plus grande coordination entre les Etats islamiques et à une action conjointe pour préserver la situation historique et juridique de la mosquée Al-Aqsa, soulignant la nécessité d'établir un mécanisme juridique pour mettre fin à la profanation des lieux saints islamiques.