Une bombe artisanale de deux kilos a failli exploser, dimanche, dans une classe dans un lycée situé en plein centre-ville Cette bombe, dissimulée dans un carton noir enroulé de chatterton, a été découverte par inadvertance par l'un des gardiens du lycée de Koléa qui effectuait une ronde dans l'enceinte de cet établissement scolaire à l'heure du déjeuner. Il était 12h 45, lorsque le gardien a aperçu le paquet suspect déposé sur un des pupitres d'une classe de terminale. Ne se doutant pas du contenu, il appelle un professeur qui passait dans les couloirs pour lui demander s'il appartenait à une de ses collègues. L'enseignante et le gardien se sont même échangé quelques plaisanteries. «Si c'est une bombe, on n'entend pas le tic-tac», a lancé le professeur en guise de boutade. Le gardien s'est même proposé d'aller chercher des ciseaux pour savoir ce que ce paquet contenait. L'arrivée du second gardien du lycée a réveillé les deux interlocuteurs de leur torpeur en leur précisant qu'il pouvait bien s'agir d'un engin artisanal en faisant référence aux récentes bombes désamorcées dans l'Algérois durant ces derniers jours. L'alerte est immédiatement donnée et les services de police de Koléa sont appelés sur les lieux. A leur arrivée, les artificiers ont demandé aux protagonistes s'ils n'avaient pas touché l'engin en indiquant qu'il avait tout l'air, selon sa forme et son poids, d'une bombe artisanale. A ces mots, le gardien qui a découvert le paquet s'évanouit. Le second est pris d'une crise d'angoisse. Alors que les lycéens commençaient à regagner leurs classes, la police donne ordre d'évacuer les lieux. Les artificiers prennent l'engin pour le faire exploser dans un terrain vague mitoyen du lycéen. La forte déflagration a secoué les alentours du lycée. L'engin était d'une puissance moyenne et confectionné sur le mode des derniers engins explosifs désamorcés dans la région. Selon des sources sécuritaires, les nouvelles bombes ont des minuteries plus sophistiquées avec une double détente qui font qu'elles peuvent exploser même après leur désamorçage. Il en de même si elles changent de position. Ce qui dénote l'existence d'une nouvelle génération de bombes exploitées par les groupes terroristes. La découverte de cet engin explosif relance la psychose dans les établissements scolaires. Les terroristes du GIA avaient adopté ce mode opératoire entre 1993 et 1995 depuis une fetwa de l'ancien émir national du GIA, Chérif Gousmi qui, dans un communiqué, avait menacé le personnel de l'éducation de représailles en cas de refus de l'arrêt des cours. Les écoles et les lycées algériens avaient connu une période intense d'attentats depuis l'assassinat de la jeune lycéenne à Meftah. 1995: un mitraillage à la sortie d'un lycée provoque la mort de deux collégiens. La même année, un enseignant est assassiné dans sa classe dans une commune de Jijel. La dernière attaque contre un établissement scolaire a été commise par le GIA au technicum de Médéa en 2001. Mais jamais une bombe n'avait été déposée au sein d'un établissement. L'enquête ouverte par la police de Koléa visera à déterminer les auteurs de cet acte. Ce qu'on craint le plus dans cette ville paisible est que la bombe ait pu être déposée par un jeune du lycée. Cette bombe, qui a été déposée sur un pupitre et a été probablement programmée pour exploser à la reprise des cours à 14h, puisqu'il ne s'est rien produit lorsque les gardiens l'ont découverte, renseigne sur le type d'escalade que veulent atteindre les groupes terroristes. C'est pratiquement le dixième engin artisanal désamorcé dans l'Algérois durant le mois de janvier, ce qui dénote la recrudescence programmée des actes terroristes. Avec le relâchement de la vigilance dans les établissements scolaires qui ont pourtant recruté dans leur majorité des agents, on craint le pire quant à la sécurité de nos enfants qui partent innocemment à l'école chaque matin. En tout état de cause, un carnage a été évité de justesse à Koléa.