Le ministre puise ses arguments dans l'influence irréversible que les médias lourds exercent sur l'audimat. L'ouverture du champ audiovisuel en Algérie n'est pas pour demain. Cette vérité a été confirmée, hier dans l'émission «Question de l'heure», diffusée sur les ondes de la Chaîne III, par le ministre de la Communication. «Le pays est toujours fragile. Nous ne nous sommes pas encore relevés de la tragédie qui a durement frappé l'Algérie» a argumenté M.El Hachemi Djiar. Pour ce dernier, «le secteur de l'information et de la communication n'est pas une marchandise banale, il a une influence sur les gens», a expliqué l'orateur. Pourtant, des pays voisins comme la Tunisie et le Maroc moins nantis que l'Algérie ont largement ouvert le secteur de l'audiovisuel. «Chaque pays a ses contraintes et chaque époque a ses caractéristiques», a indiqué à cet effet M.Djiar. Jusqu'à quand l'Etat continuera-t-il à exercer son monopole sur le secteur de l'audiovisuel? A cette question, l'invité de la Chaîne III se veut catégorique: «Je ne sais pas. De toutes les manières, cette ouverture devra se préparer. Il ne faut pas que les médias connaissent les mêmes problèmes que les entreprises publiques». L'intervenant a, néanmoins, insisté sur la nécessité de moderniser le secteur de l'audiovisuel, notamment en termes d'équipements, tout comme il faut «mettre en oeuvre la télévision numérique terrestre (TNT)». Revenant sur le volet lancinant relatif à la presse écrite, M.Djiar a réitéré la nécessité de «mettre à niveau» les médias publics. «Les journaux publics ont été fragilisés suite à la naissance en 1990 de la presse écrite privée. La fameuse loi sur l'information qui a libéralisé la presse a eu des conséquences néfastes, voire catastrophiques sur la situation actuelle des journaux publics», a-t-il remarqué. Estimant que «le secteur public est sérieusement fragilisé» l'orateur a ajouté: «Les cinq journaux publics existant, aujourd'hui, ne représentent que 5% à 6% du tirage alors que les 6 journaux privés, sur les 35 existants, représentent 60% du tirage.» Qu'est ce qu'il convient de faire aujourd'hui pour remédier à cette situation guère reluisante? «Il faut le reconnaître, jusqu'à présent, le rôle des journaux publics était beaucoup plus informatif et éducatif que commercial. Il faut donc renforcer le côté commercial de ces journaux pour qu'ils puissent concurrencer les titres de la presse écrite privée», a assuré le ministre de la Communication. Ce dernier n'a pas manqué de rappeler le coup de pouce donné par l'Etat aux éditeurs privés lors de la création de leurs titres. «Il ne faut pas oublier que, depuis la fameuse ouverture en 1990, l'Etat a octroyé aux éditeurs de presse une enveloppe estimée à plus de 250 milliards et ça continue jusqu'à aujourd'hui», a rappelé le premier responsable en charge du secteur et d'ajouter que, depuis 2001, «le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika a dégagé une enveloppe de près de 100 milliards de centimes pour garantir la survie de journaux». Aussi, l'invité de la Chaîne III s'est longuement étalé sur le soutien apporté par l'Etat à la presse. Cela, notamment en soutenant le prix du papier. Revenant à la loi sur l'information, le représentant du gouvernement a indiqué qu'il faut, tout d'abord, commencer par évaluer l'état actuel des choses. «Il ne faut pas oublier que la loi sur l'information est récente, elle n'a que 15 ans d'existence. Donc, il faut faire une évaluation objective des textes. Et puis, la révision constitutionnelle donnera lieu à la révision de plusieurs textes législatifs», a souligné M.Djiar. Celui-ci a indiqué, en outre, qu'il faut cesser de croire que la révision du code pénal, survenue en 2001, ne concerne que les journalistes. «Le code pénal sanctionne quiconque commet des outrages à l'égard des institutions de l'Etat. Beaucoup pense qu'il a été révisé pour uniquement museler la presse», a estimé le ministre de la Communication. Quant au fonds d'aide à la presse, le ministre a affirmé qu'il sera consacré au financement du Centre de financement des journalistes.