Une disponibilité pour engager un débat sérieux transparaît dans sa démarche. L'on sent dans le discours du ministre de la Communication, depuis son installation à la tête du département, de loin, l'un des plus «complexes», une réelle volonté d'aller de l'avant. Une nouvelle phase, en fait, dans les rapports entre les pouvoirs publics et la presse. La récente sortie médiatique d'El Hachemi Djiar confirme cette tendance à vouloir, non pas domestiquer la presse indépendante, mais à nouer des rapports sains entre la sphère politique et la sphère médiatique en Algérie. Dans son intervention à l'émission «Question de l'heure» de la chaîne III de la Radio nationale, le ministre de la Communication a évoqué les grands chantiers structurants de la profession dans le pays. Au plan strictement professionnel, le ministre, et c'est une première dans la bouche d'un officiel algérien, a annoncé la création d'un centre de perfectionnement pour les journalistes. Une revendication longtemps exprimée par la profession qui trouve donc un écho auprès des pouvoirs publics. A cette avancée notable dans l'approche du gouvernement concernant la question de la presse en Algérie, l'on notera également la création d'une coopérative d'éditeurs chargée d'assurer la diffusion à travers le pays. Cette initiative bien accueillie par la profession a déjà connu un début de mise en oeuvre, puisque une dizaine d'éditeurs se sont réunis par deux fois. La seconde rencontre a eu lieu avant-hier au siège de L'Expression. Soutenue par l'Etat à travers l'engagement de Djiar, cette nouvelle structure est à même de résoudre la problématique de la diffusion des journaux, actuellement soumise à l'anarchie. Par ces actes concrets, les pouvoirs publics montrent une disponibilité à assainir la situation de la presse nationale, sans recourir à un quelconque moyen de pression.Bien au contraire, on entrevoit dans la démarche du ministère de la Communication, une approche basée sur le dialogue et la concertation. Le brainstorming organisé le 29 juin dernier a donné toute sa portée au nouveau discours de l'Etat en matière d'organisation de la profession. Il a montré, en tout cas, une disponibilité à discuter sans tabou avec les professionnels affichée par M.Djiar. «La liberté de penser et d'exprimer ses opinions est une réalité consacrée dans les faits, garantie par la Constitution et la loi, et réaffirmée par le président de la République dans son programme», avait affirmé le ministre, comme pour souligner la volonté de l'Etat d'ouvrir une nouvelle ère dans ses rapports avec les médias indépendants. Une nouvelle ère qui n'est pas synonyme d'un désengagement de l'Etat dans son soutien à la presse, puisqu'en plus des 250 milliards de dinars déjà consentis, les pouvoirs publics poursuivront leur politique de soutien, aux fins, assure le ministre, «de redonner son identité à ce secteur». Les 75 milliards de fonds d'aide à la presse seront mobilisés à cette fin. Ainsi, il devient de plus en plus clair que les pouvoirs publics entendent accompagner la profession en agissant sur les facteurs susceptibles d'améliorer son rendement sans «contrepartie» politique. Cette démarche est saluée par les professionnels, pour la simple raison qu'elle participe à mieux asseoir la présence des journaux au sein de la société, d'un côté, et garantit une information crédible et professionnelle, de l'autre. A bien entendre le discours du ministre avant-hier sur les ondes de la Chaîne III, l'on perçoit une volonté d'agir de la même manière pour ce qui concerne les médias audiovisuels. Ces derniers ne seront ouverts au privé qu'après avoir acquis l'assurance d'un minimum de professionnalisme.