La guerre au Liban ne laisse pas, loin s'en faut, de marbre les populations de l'Algérie profonde. Ainsi et dans les villages de Kabylie, les populations ont compris les véritables enjeux d'un conflit qui a déjà détruit tout un Etat. La guerre du Liban qui entre dans sa troisième semaine et qui a fait des centaines de blessés et des dizaines de morts, sans compter les infrastructures du pays détruites, interpelle plus d'un. Dans un village de Kabylie, le sujet de discussion tourne toujours autour de cette guerre que l'Etat hébreu a imposée au pays du Cèdre. Les paysans, que beaucoup pensent être hors course ont cette intelligence hors pair d'appréhender le fond des problèmes. Ainsi, les événements du Liban sont-ils analysés et compris jusque dans leur face cachée par les villageois. Pour tous évidemment: «Les Libanais sont victimes d'un conflit qu'ils n'ont jamais déclenché.» «Car cette guerre trouve, selon les uns, son origine dans la volonté de l'Etat hébreu de ´´régler´´ ses comptes avec le mouvement intégriste d'obédience iranienne: le Hezbollah, lequel, à chaque prise de grave décision en réfère à Ali Khameneï, le guide de la Révolution islamique en Iran.» Cela, les paysans l'ont compris peut-être confusément mais bien avant le déclenchement des frappes israéliennes. Dans les villages, sur les dalles polies des djemaâs, l'on vous donne des explications aussi soutenues que politiques et l'on vous explique qu'en fait la guerre au Moyen-Orient, ne fera réagir les gouvernants arabes que sous la pression de la rue. Les foules arabes réagissent de façon épidermique devant une situation interpellant leur conscience. Des femmes, des enfants et des malades jetés sur les routes du Liban martyr et des dizaines de morts sinon des centaines jonchant la terre plusieurs fois martyre du pays du Cèdre. Sans compter les destructions et aussi ces foules de dizaines de milliers de personnes fuyant l'horreur et la barbarie des tonnes de bombes à fragmentation. Les gens disent haut et fort que ce qui se passe dans cette région du Moyen-Orient n'est pas le fait du gouvernement et de l'Etat libanais, mais d'une organisation qui depuis des lustres se comporte comme une organisation mercenaire car obéissant à un centre étranger, ici l'Iran. Le fait est que pour tous cette réaction démesurée de l'Etat hébreu est disproportionnée relativement à la cause annoncée, le rapt de deux soldats de Tsahal. Hier, Beyrouth, et le Chouf aujourd'hui et après un «intermède» meurtrier avec une guerre civile qui a duré quinze longues années c'est le Liban, ce pays du Moyen-Orient qui se signale par une démocratie inconnue, au demeurant, dans les autres pays de la région, et une fureur de vivre que l'on ne rencontre qu'à Beyrouth, Saïda, Tyr et dans les autres contrées du pays du Cèdre. Ce pays donc, est plongé dans la géhenne, par la faute d'une organisation intégriste qui ose encore appeler à la résistance. La fin des tourments semble cependant proche pour le Liban qui, du coup, verra son Etat se consolider et les fameuses milices désarmées, au profit d'une armée régulière et aussi pour enfin que le pays vive sereinement après avoir tant et tant payé. Les gouvernants arabes qui se sont réveillés ces derniers jours telle l'Arabie Saoudite, qui vient de débloquer 1,5 milliard de dollars pour le Liban ne se sont pas trompés. Voler au secours du Hezbollah c'est donner une prime aux partis intégristes et rester les bras croisés devant le massacre des civils, c'est donner raison à Israël et à sa morgue. Le choix est difficile, cornélien même. C'est que ces Etats savent que finalement, leur véritable adversaire reste et demeure le radicalisme religieux qui menace leur stabilité. C'est bien la première fois, et Israël et les Etats-Unis le savent bien, que les régimes arabes sont piégés. Ces derniers, devenus soudainement plus attentifs et plus «raisonneurs» que la rue. Tout cela, les villageois vous l'expliquent avec leurs mots et vous démontrent qu'en termes d'analyses ils sont au top niveau. L'essentiel est pourtant aujourd'hui ailleurs, car au-delà des positions politiques, il s'agit d'aider un peuple qui souffre.