L'Algérie multiplie les gestes de bonne volonté pour attirer les IDE. El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, jetait il y a quelques jours un pavé dans la mare, en affirmant dans les colonnes d'El Khabar que les investissements arabes en Algérie rencontrent des entraves. Qu'en est-il au juste? Le fait est que malgré une amélioration nette ces dernières années, notamment du fait des facilités accordées par le nouveau projet du code des investissements, le climat des affaires reste assez mitigé, et les obstacles connus ne freinent pas les seuls investissements arabes, mais l'ensemble des investissements directs étrangers (IDE). En tout cas, l'Algérie n'est pas la destination favorite des IDE. Le tableau comparatif établi par Anima pour la région Meda (Algérie, Chypre, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie et Turquie), montre que notre pays traîne la patte derrière des pays comme la Turquie, l'Egypte ou Israël, malgré ses énormes potentialités dans le domaine de l'énergie. Si on prend la Turquie, on voit quelle attractivité elle exerce sur les investissements en provenance des pays du Golfe. D'après les chiffres communiqués par Anima, le montant des investissements de l'Arabie Saoudite en Turquie se sont élevés à 5,25 milliards de dollars US en 2005. Arrivée en deuxième position, l'Egypte parvient à capter près de 10 milliards de dollars, toutes origines confondues. Loin derrière vient l'Algérie avec seulement 3,5 milliards de dollars. S'il y a une remarque à faire, elle porte sur l'importance de plus en plus importante que prennent les IDE arabes du Golfe dans la région Meda, dorénavant en deuxième position derrière l'Europe et devant les Etats-Unis. En Algérie, le projet du nouveau code des investissements, adopté récemment en conseil des ministres, allège les procédures et essaie de mettre en place les conditions en mesure d'attirer les IDE. Mais dans ce domaine, tout retard se paie. Les avances que prennent les autres pays ont un impact négatif sur ceux où les blocages, surtout d'ordre bureaucratique, se multiplient, et le fossé ne fait que se creuser. El Hachemi Djaâboub a certainement raison de fustiger les entraves que rencontrent les investissements arabes en Algérie, du fait de l'action de certains lobbies et de certains milieux, mais dans la réalité, ce sont tous les IDE qui rencontrent des difficultés. Pour un pays qui a des potentialités énormes, des réserves de change qui se chiffrent à 70 milliards de dollars, des réserves d'énergie notamment en gaz qui font de notre pays le deuxième pays exportateur, et surtout un marché de 34 millions de consommateurs, on voit que les séquelles bureaucratiques héritées de la période du tout. Etat et de l'économie planifiée sont encore tenaces et bien ancrées. Tous ces facteurs créent un manque de visibilité de l'économie algérienne. Encore heureux que l'ouverture de la téléphonie mobile ait pu drainer, grâce aux investisseurs égyptiens et koweïtiens, des investissements appréciables. Il reste que ces deux secteurs (énergie et communication) reste les deux pôles qui intéressent les étrangers. Les pays arabes du Golfe ont des destinations de prédilection, comme le tourisme et l'immobilier. Les mégaprojets des investisseurs émiratis à Alger et sa périphérie (Sidi Abdellah, port d'Alger...) et le projet de la grande tour des affaires des Saoudiens sont des exemples de cet intérêt des pays du Golfe pour le secteur des services. Alors que les Français, qui ont présenté un ensemble de 28 projets, pour un investissement de 259 millions d'euros, attendent la privatisation des banques publiques, un secteur où ils peuvent apporter un savoir-faire. Les Chinois et les Canadiens ne sont pas en reste. Nous connaissons le dynamisme et l'ingéniosité des premiers, ainsi que la finition et le sérieux des seconds, dont la société Landmark Minerals investit dans la prospection et l'exploitation de l'uranium dans la région du Hoggar.